Fiche : Choisir ses prépositions

Faut-il une préposition ?

FondamentalLe verbe et sa suite

On doit distinguer différents cas de figure :

1) Tout d'abord, il y a des cas où la suite est indispensable et d'autres non : c'est surtout vrai pour les verbes.

Par exemple voyager ou galoper ne demandent pas de compléments  :

  • Les chevaux galopent.

  • Il voyagea jour et nuit.

En revanche jeter demande nécessairement une suite (ce que l'on jette) :

  • Il a jeté son mégot dans le caniveau.

Quant à manger, écrire ou regarder, ils appellent un complément, mais on peut ne pas en mettre si l'on n'éprouve pas le besoin de préciser ce qui est mangé, écrit ou regardé :

  • Il a mangé les restes. / Il a mangé. (= Il a mangé ce qu'il avait à manger)

  • Il a écrit une lettre. / Il a écrit. (= Il a écrit ce qu'il a eu le temps d'écrire)

  • Il a regardé un film / Il a regardé. (Il a regardé ce qu'il y avait à regarder)

Attention ! Dans certains cas, le sens change selon qu'on utile le verbe seul ou avec un complément :

  • veiller sur quelqu'un = « protéger »

  • veiller = « ne pas dormir »

2) Quand il faut un complément, deux possibilités : soit le complément suit directement le verbe, soit il est relié au verbe par une préposition. Il y a donc des cas où la présence d'une préposition est obligatoire et d'autres où l'on ne met pas de préposition :

  • Ce professeur veille sur ses élèves.

  • Ce professeur protège ses élèves.

Remarque

Il arrive que les deux constructions existent  :

  • Ce dessin atteste le manque de volonté politique des dirigeants du nord pour changer les choses.

  • Ce dessin atteste du manque de volonté politique des dirigeants du nord pour changer les choses.

Parfois la variation relève de la norme. Ainsi tous les manuels et les guides du « bien parler » recommandent de dire :

  • pallier quelque chose

    • Cette mesure pallie l'absence de réaction des autorités locales.

alors que les locuteurs disent beaucoup plus naturellement :

  • pallier à quelque chose

    • Cette mesure pallie à l'absence de réaction des autorités locales.

ConseilLe bon réflexe

En cas d'hésitation, et pour être certain.e de la construction, une seule solution : vérifier !

  • soit dans le le dictionnaire 

    Par exemple : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm

  • soit dans un moteur de recherche en tapant la phrase recherchée : la majorité des occurrences vous donneront la construction correcte.

Une préposition, oui mais laquelle ?

Si le verbe se construit avec une préposition, encore faut-il savoir laquelle ! La même question se pose pour les noms, les adjectifs ou les adverbes. Il est en effet bien rare que l'on ait le choix...

FondamentalDu côté des verbes

Selon les verbes, on n'a pas les mêmes prépositions :

  • penser à l'avenir

  • changer de chemise

  • danser avec les loups

  • courir après les honneurs

  • partir en vacances

  • passer par des épreuves

  • sauter sur l'occasion

    etc.

sans compter des locutions :

  • tourner autour de l'arbre

  • courir jusqu'à la fontaine

    etc.

Attention

Une erreur de préposition peut conduire à un contresens !

  • Ce scripteur est plutôt familier à l'écrit signifie que son niveau de langue est familier, ce qui peut être un défaut.

  • Ce scripteur est plutôt familier avec l'écrit signifie qu'il a une familiarité avec l'écrit, et donc qu'il écrit plutôt bien, et c'est une qualité.

De même :

  • La science politique est un domaine qui contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas limité par le domaine de la politique signifie que la politique n'impose pas de limites à la science politique, comme si elle exerçait un pouvoir sur elle.

  • La science politique est un domaine qui contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas limité au domaine de la politique signifie que la science politique étudie d'autres domaines que la politique. C'est sans doute ce que l'étudiant.e a voulu dire.

FondamentalDu côté des noms

Les noms peuvent appeler d'autres prépositions que de :

  • en : les personnes en grève, la bague en or

  • sur : un documentaire sur l'industrie

  • chez : la vie quotidienne chez les Incas

  • contre : un remède contre la toux

  • pour : un espoir pour le peuple

  • avec : une chatte avec ses petits

    etc.

Mais aussi toutes sortes de locutions prépositionnelles :

  • à côté de : la maison à côté de l'église

  • au-dessus de : un citoyen au-dessus de tout soupçon

  • en faveur de : un vote en faveur de la grève

    etc.

AttentionDes verbes aux noms

Comparez les deux phrases suivantes :

  • J'ANALYSE la carte pour identifier les zones inondables.

  • Mon ANALYSE de la carte me permet d'identifier les zones inondables.

On observe que le verbe analyser dans la première phrase est suivi directement du complément objet[1] de l'analyse (la carte) tandis que le nom analyse dans la seconde phrase est suivi d'une préposition de introduisant ce même objet.

Complément

Comparez maintenant  :

  • Mon analyse de la carte me permet d'identifier les zones inondables.

  • L'analyse de Jean lui permet d'identifier les zones inondables.

Dans les deux cas, il s'agit du nom analyse.

Dans la première phrase, la préposition de introduit bien l'objet de l'analyse. Dans la deuxième, elle introduit non pas l'objet de l'analyse mais celui qui analyse.

On comprend donc que des erreurs puissent surgir dans l'emploi de ces noms qui ont un correspondant verbal.

Complément

Si l'on veut indiquer à la fois celui qui analyse et ce qui est analysé, il faudra dire :

  • L'analyse de la carte par Jean lui permet d'identifier les zones inondables.

FondamentalDu côté des adjectifs

Les adjectifs peuvent être suivis de plusieurs prépositions :

  • le plus souvent de : différent, conscient, responsable, fier, digne... de

  • mais aussi à : semblable, égal, favorable, indifférent... à

  • contre : furieux contre

  • envers : cruel, indifférent... envers

  • pour : bienveillant, doué... pour

  • avec : aimable, conséquent... avec

  • ou en : fort, expert... en  !

Des prépositions cachées

AttentionLes pronoms  lui, y, en, etc.

Quand le verbe est complété par un pronom[2], il faut être particulièrement vigilant, car on a tendance à oublier la préposition ou à se tromper de préposition :

  • Certaines personnes pensent qu'il est important d'imposer cette mesure tandis que d'autres n'y voient pas l'utilité.

Dans cette phrase, le pronom y est mal choisi : il remplace d'imposer cette mesure ; or le pronom y sert à remplacer un groupe qui commence par à, et non par de. Il faut écrire :

  • ... tandis que d'autres n'en voient pas l'utilité.

Rappel

Parmi les pronoms personnels[3] de 3e personne qui sont attachés aux verbes, il y en a quatre qui correspondent à une préposition :

  • les pronoms lui et leur dans Je lui parle ou Elle leur ressemble qui correspondent à la préposition à, préposition que l'on voit réapparaître quand le complément n'est plus un pronom personnel : Je parle à Marie / Elle ressemble à ses parents.

  • le pronom y dans Elles y retournent ou dans Cela y ressemble qui peut correspondre aussi à la préposition à, comme on le constate quand on remplace le pronom personnel par un complément plein : Elles retournent à Paris / Cela ressemble à un défi.

  • le pronom en dans Nous en parlons ou dans Cela en découle qui correspond quant à lui à la préposition de, comme on le constate quand on le remplace par un complément plein : Nous parlons de Pierre / Cela découle de notre hypothèse.

Rappel

Les pronoms personnels de 1ère et de 2e personne attachés aux verbes peuvent aussi bien correspondre à un complément d'objet direct[4] qu'à un complément introduit par la préposition à :

  • Elle me/te/nous/vous regarde : quand le complément n'est plus un pronom personnel, c'est un complément sans préposition qui apparaît : Elle regarde ses amis.

  • Elle me/te/nous/vous parle : quand le complément n'est plus un pronom personnel, c'est la préposition à qui réapparaît : Elle parle à ses amis.

Ils ne peuvent pas correspondre en revanche à la préposition de : après la préposition de, on devra utiliser moi/toi/nous/vous mais détachés du verbe et en conservant la préposition :

  • Elle parle de moi/toi/nous/vous.

AttentionLes pronoms relatifs  où et dont

Il faut également être vigilant dans le choix des pronoms relatifs[5] :

  • Publier un faire-part de mariage dans un journal permet d'avertir les amis de longue date avec qui les futurs mariés n'ont plus de nouvelles.

On dit avoir des nouvelles de quelqu'un, et non avec quelqu'un : il faut donc écrire dont les futurs mariés n'ont plus de nouvelles.

Rappel

Il y a deux pronoms relatifs qui incluent ainsi une préposition non apparente :

  • le pronom dans J'ai trouvé l'endroit cela commence qui peut correspondre à la préposition à, comme on le constate dès lors que l'on reconstitue dans le bon ordre la proposition[6] que ce pronom introduit :

    • J'ai trouvé l'endroit cela commence >> Cela commence à cet endroit.

  • le pronom dont dans J'ai trouvé l'endroit dont tu parles ou dans J'ai trouvé le restaurant dont tu cherchais l'adresse qui peut correspondre à la préposition de, comme on le constate dès lors que l'on reconstitue la proposition que ce pronom introduit :

    • J'ai trouvé l'endroit dont tu parles >> Tu parles de cet endroit.

    • J'ai trouvé le restaurant dont tu cherchais l'adresse >> Tu cherchais l'adresse de ce restaurant.

Des causes d'erreur

AttentionCoordinations

1) Si un verbe, un nom ou un adjectif sont suivis de deux compléments, donc de deux prépositions, l'éloignement fait que l'on peut se tromper sur la deuxième préposition, comme si l'on avait « oublié » la bonne construction  :

  • La venue de nouveaux travailleurs a joué un rôle primordial dans la mise en valeur de l'économie de l'île et au modelage de sa population.

Il faut écrire :

  • et dans le modelage de sa population.

2) Il arrive que deux mots coordonnés[7] aient le même complément mais ne demandent pas la même suite, parce que l'un mais pas l'autre appelle une préposition :

  • Il aime la vie + Il profite de la vie.

Dans ce cas, on ne peut pas se contenter de coordonner les verbes  :

  • *[8]Il aime et profite de la vie.

Il faut que chaque verbe ait son complément avec la bonne construction. Pour ne pas répéter le complément, on doit alors utiliser un pronom à la place du second  :

  • Il aime la vie et en profite.

AttentionNe pas confondre faire et faire faire...

Comparez les deux phrases suivantes :

  • La mère PARTAGE ses émotions avec ses enfants.

  • La mère FAIT PARTAGER ses émotions à ses enfants.

On voit que la préposition qui introduit ses enfants est avec dans le premier cas, et à dans le second : de fait le sens n'est pas tout à fait le même... Pourtant là encore, si on écrit vite et si on ne se relit pas, on peut mélanger les deux constructions... et écrire :

  • La mère partage ses émotions à ses enfants.... CE QUI EST INCORRECT !