1. L’interdépendance des stratégies des entreprises

L’oligopole institue une situation inédite par rapport aux chapitres 2 et 3 : chaque firme dispose d’un pouvoir de marché (comme en monopole) mais la présence simultanée de plusieurs producteurs en capacité d’influencer le marché instaure  une interdépendance des stratégies des firmes.

Cette interdépendance stratégique n’existe ni en concurrence, ni en monopole :

♦ En concurrence pure et parfaite, chaque firme choisit son niveau de production en s’adaptant au prix du marché, sans tenir compte des choix des autres firmes ni des conséquences de son propre choix sur la situation des autres

♦ En monopole, l’entreprise maximise son profit en tenant compte uniquement de ses coûts de production et de la demande sur le marché

En oligopole, l’impact du choix de production d’une firme sur son niveau de profit dépend nécessairement de la réaction de ses concurrents. Une même décision de production  peut alors avoir des impacts variables, et chaque firme va devoir anticiper la réaction de ses concurrents pour tenter de prévoir l’effet de ses propres choix.

Prenons un exemple simple intuitif en considérant un duopole: si une des deux firmes décide d’augmenter fortement sa production, l’impact de cette décision dépend de la réaction de son concurrent :

Si le concurrent maintient une production faible, l’offre globale ne va progresser que modérément et l’effet quantité peut dominer l’effet prix : le profit de la firme va augmenter

Si le concurrent réagit en augmentant également fortement sa production, l’offre globale va fortement progresser et le prix sur le marché risque de chuter brutalement : dans ce cas, l’effet prix peut dominer l’effet quantité et entrainer une diminution du profit.

La situation d’interdépendance stratégique au sein d’un oligopole a deux conséquences :

♦  Tout d’abord, il n’est pas possible d’énoncer des résultats analytiques de portée générale comme nous l’avons fait en concurrence ou en monopole : la dynamique d’un oligopole dépend des caractéristiques précises du marché, du nombre et de la taille des firmes ainsi que du type d’interactions entre les firmes (degré de coopération, type de concurrence…).

♦  De plus, Le degré d’affrontement concurrentiel observé au sein des oligopoles est très variable, d’un secteur à un autre voire au sein d’un même secteur. Il évolue entre deux extrémités qui sont d’une part l’affrontement généralisé sous la forme d’une « guerre des prix » et d’autre part l’entente, formelle ou tacite,  entre concurrents pour maintenir des prix élevés et stables sur le marché.