4. La tarification au coût moyen

Les deux stratégies précédentes se heurtent à une difficulté majeure dans le cas d’un monopole naturel. Dans ce cas, nous l’avons vu, le coût moyen est décroissante et le coût marginal de production systématiquement inférieur au coût moyen (figure 8). Dans ce cas la tarification au coût marginal conduit fatalement le monopole à pratiquer un prix inférieur à son coût de fabrication unitaire et à supporter des pertes importantes, représentées en vert sur la figure 8.

Un monopole naturel pratiquant la tarification au coût marginal subit nécessairement des pertes permanentes.

La maximisation du chiffre d’affaires peut également conduire un monopole naturel à supporter des pertes, même si, contrairement à la tarification au coût marginal, ce n’est pas une conséquence inéluctable du monopole naturel. Ce cas de figure est représenté à la figure 8 en rouge : la quantité QCA correspondant à l’annulation de la recette marginale conduit à un prix PCA inférieur au cout moyen, entrainant des pertes représentées en rouge.

Figure 8. Le cas du monopole naturel  

Dans le cas du monopole naturel, la tarification au coût moyen, appelée aussi tarification à l’équilibre budgétaire, constitue une bonne alternative aux autres politiques de prix.

Elle consiste pour le régulateur public à imposer au monopole de fixer son prix au niveau de son coût moyen de production, ce qui contraint de facto le monopole à un niveau de profit nul. Le monopole choisira dans ce cas  la quantité maximale  satisfaisant la condition :

Notons que cette stratégie n’est pas nécessairement le fruit d’une régulation imposée, mais peut également résulter de la volonté d’un monopole non régulé de maximiser sa production sans faire de pertes, pour « inonder » le marché et prévenir l’entrée de concurrents.

Dans les deux cas de figure, la quantité qui sera produite est la quantité maximale qui peut être produite sans perte par le monopole.

Cette condition est réalisée au point G de la figure 8, à l’intersection de la courbe de coût moyen et de la recette moyenne. Cette solution est certes moins satisfaisante que la tarification au coût marginal (qui seule assure la restauration de l’optimum social en maximisant le surplus collectif). Mais elle conduit tout de même le monopole à produire une quantité plus élevée qu’en cas de maximisation du profit (QEB) en pratiquant un prix PEB nettement moins élevé que le prix maximisant le profit du monopole naturel. Pour cette raison, cette solution constitue ce que les économistes nomment un optimum de second rang, ou second best : la meilleure des alternatives lorsque l’optimum social est inaccessible.

La tarification à l’équilibre budgétaire présente deux intérêts majeurs : elle constitue une règle simple à formuler ( « produisez au maximum sans faire de pertes » ) et à contrôler  : contrairement au coût marginal, l’équilibre budgétaire est facilement observable pour le régulateur, à la publication des comptes de l’entreprise (il s'agit toutefois du bénéfice comptable, non du profit microéconomique).

Toutefois, ce dispositif a le défaut de ne pas inciter un monopole régulé à l’efficacité productive : toute augmentation des coûts de production est répercutée dans le prix de vente. A long terme, les consommateurs risquent donc de ne pas bénéficier du prix le plus bas possible pour l’accès au bien/service produit.