Section 6 : Les notions d'élasticité de la demande et de l'offre
1. Les notions d’élasticité de la demande
1.4. L’élasticité-prix croisée de la demande
L’élasticité-prix croisée
est égale au rapport de la variation relative des quantités demandées d’un bien
X à la variation relative du prix d’un autre
bien Y qui lui a donné naissance. Elle mesure la sensibilité de la
demande d’un bien aux évolutions du prix d’un autre bien. Soit Qx la
quantité demandée du bien X et py le prix du bien Y ; la mesure
de l’élasticité-prix croisée (notée epc) s’effectue de manière
similaire à celle de l’élasticité-prix directe :
La question du calcul de l’élasticité en un point ou sur un arc (un intervalle) de la fonction de demande peut de nouveau être posée. Pour mesurer epc sur un point de la fonction de demande, il nous faudrait cependant connaître une fonction de demande Qx = f (px, py,...) liant la quantité demandée de bien X au prix de ce bien (px) et à ceux de tous les autres biens susceptibles de l’influencer, tel que py. Une telle fonction est très rarement connue, mais si c’était le cas, il faudrait alors la dériver par rapport à py, en considérant que px est une constante. De manière générale, l’impossibilité d’établir formellement des fonctions telles que celle évoquée ci-dessus implique que l’on mesure l’élasticité-prix croisée sur un intervalle de la fonction de demande, par le biais d’une élasticité-arc de la forme :
A titre d’exemple, considérons le
tableau suivant qui indique les quantités demandées de VOD (vidéos à la demande) pour deux niveaux de
prix différents d’un ticket de cinéma et d'un forfait internet annuel.
Nous pouvons sur la base de ces données calculer l’élasticité-prix croisée de la demande de VOD par rapport aux prix du cinéma et du forfait Internet :
epc (cinéma) = (60 / 2) • (14 / 260) ≈ 1,62
epc
(forfait Internet) = (60 / -40) • (200 / 260) ≈ - 1,15
Ainsi, une variation de 1 % du prix du ticket de cinéma entraîne une variation de même sens de 1,62 % de la demande de VOD et une variation de 1 % du prix des forfaits Internet entraîne une variation de sens inverse de 1,15 % de la demande de VOD.
C’est plus le signe de l’élasticité-prix croisée que sa valeur qui importe et qui permet les commentaires les plus intéressants :
- Si epc ≈ 0, les deux biens X et Y sont indépendants : une variation de py n’a aucun effet significatif sur la demande de X.
- Si 0 <epc ≤ 1, les biens X et Y sont substituables : une variation de py entraîne une variation moins que proportionnelle et dans le même sens de la demande de X.
- Si epc > 1, les
biens X et Y peuvent même être qualifiés de substituts étroits : une
variation de py entraîne une variation plus que proportionnelle et
dans le même sens de la demande de X. Par exemple, selon le calcul effectué
plus haut, il apparaît que la VOD et le ticket de cinéma sont d’étroits
substituts. Si le prix du cinéma augmente d’un point de pourcentage, la demande
de VOD s’accroît de 1,62 %. Parce que ces deux biens satisfont des besoins
proches, les consommateurs ont tendance à remplacer la consommation de l’un par
celle de l’autre, suite à un renchérissement du premier. Il se passerait évidemment l'inverse en cas de baisse du prix du ticket de cinéma.
- Si -1 ≤ epc < 0 les biens X et Y sont complémentaires : une variation de py entraîne une variation moins que proportionnelle et en sens inverse de la demande de X.
- Si epc < - 1, les biens X et Y peuvent même être qualifiés de compléments étroits : une variation de py entraîne une variation plus que proportionnelle et en sens inverse de la demande de X. Par exemple, selon le calcul effectué plus haut, il apparaît que les VOD et les forfaits Internet sont des compléments étroits. Si le prix des forfaits Internet diminue d’un pourcent, alors la demande de VOD s’accroît de 1,15 %. La demande de l’un de ces deux biens s’accompagne de celle de l’autre, car l’un ne s’utilise pas sans l’autre.