1. Définition et forme de la fonction d’offre

Nous pouvons mener pour la fonction d’offre d’un bien ou d’un service sur le marché une analyse relativement similaire à celle que nous avons mené pour l’étude de la fonction de demande. La fonction d’offre individuelle est la relation entre la quantité offerte par un vendeur d’un bien ou d’un service et les variables qui influencent cette quantité. Soit, avec qO la quantité d’un produit offerte sur le marché par un vendeur et V1 à Vn les différentes variables susceptibles d’influencer cette offre :

qO = g (V1, V2, V3, …, Vn)

Les variables qui influencent l’offre sont nombreuses. De nouveau, on pensera intuitivement au prix de vente du bien, mais il semble évident que nombre d’autres variables peuvent influencer l’offre d’une entreprise. En effet, un producteur rationnel va offrir sur le marché une quantité de produits qui lui permettra d’atteindre le profit le plus élevé possible. L’analyse de la fonction d’offre est donc plus complexe que ne l’était celle de la demande. Alors qu’un demandeur se contente de décider s’il acquiert ou pas un bien ou un service sur le marché, l’offreur doit produire le bien ou le service pour exprimer une offre. La décision d’offrir implique de choisir la quantité maximisant le profit, et donc de choisir les techniques de production et les quantités de facteurs de production nécessaires. D’autre part, il faut comprendre qu’en considérant l’offre d’un producteur, nous considérons la quantité optimale que le producteur souhaiterait offrir, à un certain prix, dans le cas où la demande serait suffisante pour absorber cette quantité.

Pour les besoins de l’analyse microéconomique du marché, nous allons être le plus souvent amenés à exprimer la fonction d’offre sous sa forme réduite. Nous considérerons ainsi que l’offre ne dépend que d’une seule variable, le prix du produit, ce qui revient à supposer que les autres variables sont constantes et données. Le choix du prix du produit comme variable explicative fondamentale de l’offre d’une entreprise, découle du fait que celle-ci choisit son offre de telle sorte qu’elle maximise le profit. Or, le profit étant la différence entre les recettes et les coûts, l’offre dépend du prix de vente (qui détermine les recettes) et des coûts de production. On écrira par conséquent la forme réduite de la fonction d’offre individuelle de la façon suivante :

 qO = g (p)        avec p le prix du produit

L’offre jusqu’ici considérée est celle émanant d’une unique entreprise. Pour étudier les équilibres de marché, nous utiliserons dorénavant l’offre globale sur ce dernier. Celle-ci est la somme de l’ensemble des offres individuelles exprimées pour le produit étudié. S’il existe sur un marché m types d’entreprises exprimant des fonctions d’offre individuelles différentes, notées respectivement g1, g2, …, gm, alors l’offre globale sur ce marché est telle que sur le domaine qu’ont en commun ces différentes fonctions et pour un prix donné :

avec ni le nombre d’entreprises de type i présentes sur le marché et QO la quantité offerte par l’ensemble des entreprises présentes sur le marché. On notera que l’offre sur le marché et l’offre individuelle sont confondues dans le cas particulier du monopole, dans lequel une seule entreprise assure l’intégralité de l’offre d’un produit sur un marché.

            Toutes choses égales par ailleurs, on peut considérer que lorsque le prix de marché s’élève, la production devient plus profitable et qu’il est rationnel d’augmenter l’offre. Ainsi, QO = g(p) est croissante, c’est à dire que sa dérivé première g’(p) est nécessairement positive sur l’ensemble du domaine de définition de toute fonction d’offre. La pente positive de la fonction d'offre découle principalement du fait qu'un prix plus élevé accroît le nombre d'entreprises susceptibles de produire et de vendre le bien ou le service de façon profitable. Un prix plus élevé attire de nouvelles entreprises sur le marché, des entreprises qui n'étaient initialement pas en mesure de faire des profits à des prix plus faibles. D'autre part, un accroissement du prix du produit permet aussi aux entreprises déjà présentes de produire plus, par exemple en embauchant plus de travailleurs ou en investissant pour accroitre leur capital.

On peut donner l’exemple d’une fonction d’offre sur le marché et de sa représentation graphique avec la fonction affine suivante :

 

La dérivé première de cette fonction (5/3) est bien positive et elle permet par exemple de mesurer que pour un prix de 16, l’offre globale s’établirait à 10. Cette fonction permet bien entendu également de mesurer le prix pour lequel une quantité donnée sera offerte sur le marché. Par exemple, la quantité offerte sur le marché s'établira à 20 si le prix est fixé à 22.

            Par convention, on représente toujours les fonctions d’offre dans le même repère que les fonctions de demande, c'est-à-dire en portant en abscisses les quantités offertes et en ordonnées les prix pratiqués. On représente donc concrètement la fonction d’offre inversée, qui donne le prix pratiqué en fonction de la quantité offerte. Dans notre exemple, on représente ainsi la fonction :

On retrouve l’équation d’une droite croissante dans le repère considéré. Ci-dessous, la représentation graphique de cette dernière montre que l’offre serait nulle pour tout prix inférieur ou égal à 10. Le point d’intersection entre l’axe des ordonnées et la fonction d’offre sur le marché fait systématiquement apparaître le prix minimum en dessous duquel aucune offre n’émane des producteurs du produit considéré. À un prix de 10 ou moins, aucune entreprise (même celle bénéficiant par exemple des coûts les plus faibles et /ou des meilleures techniques de production) n'est susceptible d'offrir le bien de façon profitable.