Bien utiliser les prépositions selon, d'après, pour
Bien utiliser les prépositions selon, d'après, pour
Fondamental :
Selon, d'après, pour permettent d'indiquer l'origine de l'information contenue dans la phrase. Pour cela il faut bien entendu que le nom qui suit renvoie à une personne ou à une entité « douée de parole » (texte, organisation ...). Par exemple si j'écris « selon la météo, il va faire beau demain » je place l'affirmation « il va faire beau demain » sous l'autorité (la dépendance) d'une source autre, en l'occurrence ici la météo. J'indique l'origine de l'information contenue dans la phrase.
L'emploi des prépositions selon, d'après, ou pour permet donc de diversifier les façons de référer à des sources. Mais cet emploi peut soulever quelques difficultés (choix de la préposition, position dans la phrase, construction de la phrase où se trouve la préposition, ...).
1. Les trois prépositions selon, d'après et pour ne sont pas interchangeables
Selon et d'après vs pour
selon X et d'après X | pour X |
Discours tenu par X
|
Point de vue attribué à X (= aux yeux de)
|
Opinion de X OU savoir de X acquis par des moyens objectifs
|
Uniquement opinion de X
→ dimension polémique possible → peu fréquent dans les textes scientifiques |
Complément :
Il semble curieux d'employer d'après pour introduire une vérité bien connue de tous ou une définition sur laquelle s'appuie l'auteur, comme c'est le cas dans les deux extraits de mémoire suivants :
- D'après l'inspection de l'éducation nationale de Chalons-Est qui cite un extrait de Rencontres pédagogiques” n°34 (1995), une classe est toujours hétérogène.
Même si selon est objectif, il semble également bizarre d'introduire par ce moyen des informations de type encyclopédique :
- Mon champ d'étude se situe en Guadeloupe. Selon G. Lasserre, « la Guadeloupe est un archipel d'îles situé au milieu de l'arc des Petites Antilles (...), entre l'Atlantique tropical et la Mer des Caraïbes ».
Conseil :
Un emploi de selon
Dans les articles scientifiques, on trouve fréquemment selon X juste après un connecteur indiquant une conclusion, un bilan, une reformulation. L'ensemble propose en quelque sorte un résumé de la position de l'auteur.
- L'intégration de la formation des enseignants dans l'enseignement supérieur – souvent analysée dans la littérature comme un aspect du processus de professionnalisation des enseignants – provoque tendanciellement, quand elle ne vise pas carrément, un déracinement des enseignants (du niveau local auquel se situaient les anciennes institutions de formation) et la création d'une loyauté à l'égard d'un pouvoir plus abstrait et central ; il s'agit en fait, selon ces auteurs, de « discipliner » le corps enseignant qui doit assumer de manière autonome – de fait intérioriser – les directives et orientations définies centralement pour en assurer l'application au niveau local.
- Dans son article, Houssaye (1998, p. 84) dénonce par exemple le déni de la pédagogie. Il renvoie dos-à-dos le didacticien et le pédagogue, coupables de ne voir en l'autre qu'un double déformé, qu'une version édulcorée de lui-même. À ses yeux, le débat est certes moins épistémologique que stratégique. Les différences, lorsqu'elles existent, sont dramatisées, et les ressemblances sont ignorées. Si la pédagogie finit par l'emporter, c'est parce qu'elle a le privilège de l'âge. Puisqu'elle était là avant les autres, et qu'elle suffit à penser, à exprimer et à orienter l'action éducative, elle n'a nul besoin d'être dépassée ou récupérée. On peut inventer un nouveau vocabulaire, et de nouvelles disciplines scientifiques, ils n'apporteront rien de nouveau. Tout compte fait, selon Houssaye, la didactique ne serait qu'une pédagogie de la distinction. (ibid. p. 90)
Selon, d'après et les références bibliographiques
La référence précise de la source peut être donnée à la fin de la phrase comme dans l'exemple juste au-dessus (ibid., p. 90). Cependant, dans les copies des étudiants, on pourrait bien souvent supprimer la préposition et donner simplement la référence à la source entre parenthèses :
- Ainsi, les fautes d'orthographe grammaticale sembleraient jouer un rôle majeur dans le déclin du niveau orthographique. Ces dernières sont ressenties comme impardonnables d'après Millet, Lucci et Billez (1990).
Il faut plutôt écrire :
- Ainsi, les fautes d'orthographe grammaticale sembleraient jouer un rôle majeur dans le déclin du niveau orthographique. Ces dernières sont ressenties comme impardonnables (Millet, Lucci et Billez 1990).
Remarque :
Selon, d'après, pour et l'îlot textuel
La phrase dans laquelle se trouve selon, d'après ou pour peut comporter un segment entre guillemets, intégré à la phrase, qu'on appelle îlot textuel.
- Les évolutions de l'université dans les années 1960 ont conduit, selon Raymond Dourdoncle, à d'« énormes progrès dans le développement de formations professionnelles dans leur sein ».
On comprend que l'auteur du segment entre guillemets est Raymond Dourdoncle.