Exercice de découverte : À vos stylos !
Exercice de découverte : À vos stylos !
Au travers des exercices qui précèdent, vous avez pu découvrir et redécouvrir tout ce qu'il faut savoir sur les mots qui s'accordent.
Il vous faut maintenant bien vous approprier ces différents points. À vous de jouer : répondez aux questions qui suivent, usez et abusez des indices ... et essayez de formuler vous-mêmes les règles et les méthodes à retenir.
Prenez un stylo et un papier... Et essayez des réponses, que vous pourrez améliorer au fur et à mesure des indices.
Vous pourrez alors comparer avec la solution qui donne la réponse pour chaque question.
Question
Quels sont les cas où l'on a des marques de genre, nombre ou personne qui ne marquent pas un accord, mais expriment directement un genre particulier, un nombre particulier ou une personne particulière ?
Pensez aux verbes à l'impératif : la marque de personne n'est pas une marque d'accord puisqu'il n'y a pas de sujet exprimé avec lequel s'exprimer : la marque signifie directement que l'on est à la 2ème personne du singulier (Pars), ou à la 1ère personne du pluriel (Partons), ou à la 2ème personne du pluriel (Partez).
Les pronoms possessifs, les pronoms démonstratifs, et aussi certains pronoms indéfinis comme chacun.e, l'un.e, l'autre, aucun.e, d'autre s'accordent en genre, mais pas en nombre :
- Ton voisin est sympathique, mais les siens / ceux-ci / d'autres sont formidables.
Les adjectifs, participes ou noms qui sont attributs ou mis en apposition du pronom on ou des pronoms personnels de 1ère et 2ème personne, au singulier ou au pluriel ont un genre et un nombre qui se choisit librement en fonction de ce que l'on veut exprimer : leur marque de nombre dépend de la quantité d'individus concernés (variable pour on, pour vous avec le "vous de politesse", et dans une moindre mesure pour nous, avec le nous dit "de majesté" qui appelle des attributs et des apposés singuliers), et leur marque de genre dépend quant à elle du sexe des individus concernés (on réserve la marque de féminin au cas où tous sont de sexe féminin) :
- On est heureuses ici.
Vous êtes charmant.
On a vu un dernier cas, qui est celui des noms sans déterminant : on les trouve notamment après une préposition (sans famille / sans amis) ou dans des titres ou des phrases sans verbes (Femme à la baignoire / Femmes au bain ; Grève générale / Appartements à louer).
On peut rapprocher ce cas de celui des déterminants comme peu de, un peu de ou beaucoup de, qui évaluent une quantité et qui peuvent aussi dans les mêmes conditions être suivis soit de noms singuliers soit de noms pluriels (beaucoup d'eau / beaucoup de fleurs).
Dans tous ces cas, le singulier correspond soit à un individu singulier, soit à une substance massive que l'on ne peut pas réduire à une collection d'individus, soit à un ensemble d'individus indifférenciés (monnaie dans un peu de monnaie).
Voilà, vous avez fait le tour des différents cas.
La plupart du temps, le genre n'a aucune valeur : il marque simplement l'accord avec un nom féminin. En revanche, quand le genre ne marque pas l'accord, sa valeur est de renvoyer à une différence sexuelle : cela ne concerne que les mots référant à des êtres humains ou des animaux proches, avec le féminin qui renvoie à des individus de sexe féminin (y compris au pluriel, où le féminin renvoie à un ensemble d'individus tous de sexe féminin, comme dans Nous sommes furieuses).
Nombre et personne en revanche gardent la même valeur qu'ils marquent l'accord avec un déterminant ou un pronom, ou qu'ils aient une valeur indépendamment de tout accord. Ainsi, quand le nombre ne marque pas l'accord, le pluriel renvoie à une quantité d'individus différenciés, tandis que le singulier renvoie soit à un individu isolé (Femme à la baignoire), soit à une substance massive (beaucoup d'eau), soit à une collection d'individus indifférenciés ( un peu de monnaie). Et la personne dans les impératifs a la même valeur que celle des autres verbes conjugués où il y a accord avec le pronom personnel sujet.
Question
Dans le cas d'un nom composé, faut-il choisir les marques de nombre en respectant autant que possible les règles d'accord avec le déterminant, ou bien faut-il les choisir hors accord selon que l'on veut signifier le singulier ou le pluriel ?
Il faut d'abord tenir compte de la catégorie des mots qui composent le nom en question : même après un déterminant pluriel, on ne mettra pas de s sur le verbe passer, l'adverbe partout ou la préposition en dans *des laissers-passers, *des ens-cas, *des passes-partouts.
C'est seulement pour les noms et les adjectifs qu'il peut y avoir un sens à ajouter un s.
Même avec un déterminant singulier, il est possible que l'un des noms constituant le nom composé renvoie à un ensemble d'individus et se prête de ce fait à une interprétation plurielle : c'est le cas par exemple du nom goutte dans le nom composé compte-gouttes, dans la mesure où l'appareil concerné sert plutôt à compter un nombre pluriel de gouttes.
On peut cependant utiliser un tel appareil pour ne compter qu'une seule goutte.
De même on peut considérer que les sèche-cheveux servent à sécher la matière cheveu, et non pas l'ensemble pluriel des cheveux qui constitue une chevelure.
La tradition tendait à différencier le "coupe-ongles" associé à plusieurs ongles, et le "cure-dent" pouvant fréquemment être utilisé pour une seule dent, et concernant l'entité dent en soi, et non pas l'ensemble des dents susceptibles d'être curées.
Les considérations sur la quantité d'objets concernés pouvant paraître discutables et alambiquées, il a été proposé dans le cadre des Recommandations de 1990 de ne pas en tenir compte et de fonder le choix des marques de nombre sur le seul accord avec le déterminant : un coupe-ongle, des coupe-ongles ; un cure-dent, des cure-dents ; un compte-goutte, des compte-gouttes ; un sèche-cheveu, des sèche-cheveux.
Le pluriel des noms composés est par conséquent l'un des cas pour lesquels les Recommandation de 1990 proposent de rectifier localement l'orthographe traditionnelle. C'est donc l'un des cas pour lesquels deux orthographes sont admises.
Les recommandations de 90 ont tranché pour que les marques de nombre sur les noms soient autant que possible déterminées par l'accord et dépendent par conséquent du déterminant. Cependant la règle proposée ne vaut que pour les cas où seul le second terme est un nom, le premier terme étant un verbe ou une préposition : dans ces cas-là, la recommandation est que le nom en question ne prenne aucune marque de pluriel lorsque le nom composé est au singulier et prenne systématiquement la marque du pluriel lorsque le nom composé est au pluriel ; on écrit par conséquent un sèche-cheveu et des sèche-cheveux.
Seuls les cas où le nom est propre échappent à ces recommandations : un prie-Dieu, des prie-Dieu.
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Dans l'orthographe traditionnelle il est d'usage de faire pour les noms qui apparaissent dans un nom composé comme l'on fait pour les autres noms sans déterminant, et de choisir les marques de nombre en se fondant seulement sur le nombre d'entités impliquées. On écrit alors un sèche-cheveux comme des sèche-cheveux, les cheveux étant plusieurs que l'on ait un ou plusieurs appareils pour les sécher. Et on écrit un porte-monnaie ou des porte-monnaie parce que monnaie est un terme collectif désignant en bloc toutes les pièces concernées, un brise-glace ou des brise-glace parce que glace est un terme massif qui ne renvoie pas à des individus séparés, un appuie-tête ou des appuie-tête parce qu'une seule tête est concernée par chaque appui.
Lorsque le premier mot en revanche est un nom, il s'accorde avec le déterminant : ainsi on a un timbre-poste et des timbres-poste avec le second nom qui reste au singulier parce qu'il n'y a qu'une poste, et le premier qui passe au pluriel parce que lui s'accorde avec le déterminant.