Au travers des exercices qui précèdent, vous avez pu reparcourir tout ce qu'il faut savoir sur les marques de genre et les marques de nombre : quelles sont ces marques, comment elles se réalisent, et les effets qu'elles peuvent avoir sur la façon dont se trouve prononcé et écrit le mot accordé.

Il vous faut maintenant bien vous approprier ces différents points. A vous de jouer : répondez aux questions qui suivent, usez et abusez des indices ... et essayez de formuler vous-mêmes les règles et les méthodes à retenir.

Prenez un stylo et un papier... Et essayez des réponses, que vous pourrez améliorer au fur et à mesure des indices.

Vous pourrez alors comparer avec la solution qui donne la réponse pour chaque question.

>Si vous ne trouvez pas malgré les indices, ne vous inquiétez pas : toutes les réponses sont dans le corrigé de l'exercice qui précède ; il vous suffit d'aller rechercher dans ce corrigé.


1. Les marques de genre

Le premier exercice a été l'occasion de se rappeler d'abord que seul le féminin est marqué, qu'il est des cas où il n'y a aucune marque (et c'est alors le masculin qui peut poser problème), que la marque est e sur beaucoup de catégories de mots mais pas sur tous (notamment sur les déterminants : le / la ; mon / ma ; etc.), et que ce e bien souvent ne va pas seul, tant à l'écrit qu'à l'oral : des changements de voyelle, des ajouts de consonnes, des modifications de consonnes, des doublements de consonnes à l'écrit.

Il est temps de récapituler tout cela : qu'avez-vous retenu ?

Question

Quels sont les cas où le féminin n'est pas marqué ?

Il est des adjectifs qui se terminent déjà par un e :

  • jeune, rouge, riche, facile, sale, veule, habile, magique, solidaire, etc.

Ce e n'a alors rien à voir avec une marque de féminin : il appartient à la base, et on le trouve déjà sur l'adjectif au masculin.

Lorsque l'adjectif se termine déjà par un e, on n'ajoute pas de e pour marquer le féminin : dans ces cas-là le féminin et le masculin sont identiques, on dit que ces adjectifs qui ne varient pas sont des adjectifs épicènes

Dans ce cas-là, il arrive qu'on oublie le e sur le masculin, pensant qu'il est réservé au féminin. C'est le cas notamment quand aucun indice ne manifeste la présence de ce e, donc après une consonne qui se prononce de toutes façons, comme le l, le c, ou le r : facile, sale, veule, habile, magique, solidaire, etc. où il ne faut pas oublier le e, y compris au masculin. Or ce e-là doit être mémorisé : aucune règle ne le justifie.


Question

Quels sont les cas où la consonne qui précède le e est doublée ?

La double consonne en question se prononce comme une consonne unique. En revanche elle peut indiquer que la voyelle qui précède est brève et ouverte : prononcez le flot > la flotte, vous voyez que l'on prononce un "o" ouvert et non plus fermé.

De même que l'on a un "o" ouvert (celui de flotte) et un "o" fermé (celui de flot), on a un "è" ouvert (celui de lève), qui s'oppose au "é" fermé (celui de fée).

Pour indiquer que l'on a affaire à un "è" ouvert, on peut doubler la consonne qui suit (-ell) ou placer un accent grave sur le e (-èl) en question.

La consonne r ne double jamais en fin de mot ; les consonnes t, l, n doublent volontiers.

Pour décider du doublage des consonnes, il importe de tenir compte des sons en présence (quelle consonne, quelle voyelle précédant cette consonne ?). Mais il faut aussi tenir compte des éventuels suffixes en présence : ainsi le suffixe diminutif -et devient au féminin -ette ; dès lors tous les adjectifs suffixés par ce diminutif -et, donnent -ette et non pas -ète au féminin. Qu'en est-il du suffixe diminutif -ot ?

Généralement, c'est après o et e que l'ajout du e du féminin s'accompagne d'un doublement de la consonne finale du mot : folle, sotte, belle, muette, bonne, ancienne, etc.

  • Cependant, même après o et e, ce doublage n'est pas systématique : espagnole, palote, inquiète, etc. Notamment, le doublage n'est pas nécessaire après e, où il suffit de placer un accent grave comme dans inquiète : voir aussi chère, fière, etc.
  • Et on a deux cas où la consonne doublée suit une autre voyelle que o ou e : nulle, paysanne.

→ ATTENTION :

  • r ne double jamais devant un e de féminin
  • après o et e, n double toujours devant le e du féminin
  • après e, l double toujours devant le e du féminin (mais pas devant tous les e : cf. Adèle, gèle, etc.)
  • après o, l double seulement pour le féminin des adjectifs en -ol qui ont une variante en -ou : mol / mou> => molle ; fol/fou => folle
  • après e, t double toujours lorsque l'on a affaire à un adjectif suffixé par le suffixe diminutif -et : propret > proprette, douillet > douillette, maigrelet > maigrelette, etc. ; t ne double jamais lorsqu'il fait partie de la base : inquiet > inquiète, désuet > désuète, complet > complète, etc.
  • après o, t peut doubler comme ne pas doubler que l'on ait affaire à un adjectif suffixé par le suffixe diminutif -ot ou pas : pâlot > pâlotte mais petiot > petiote ; sot > sotte mais bigot > bigote.

Question

Comment repère-t-on que l'on a affaire à un mot au féminin ?

Pour certains mots, le féminin est marqué par un changement vocalique, soit seul (le > la), soit en relation avec un autre changement (beau > belle).

Lorsque le féminin est marqué par l'ajout d'un e, même si ce e n'est pas prononcé, il induit parfois des modifications dans le contexte qui précède.

e étant une voyelle, cette voyelle induit la prononciation des consonnes latentes qui terminent le mot : petit > petite.

Elle induit aussi dans quelques cas la modification de la consonne prononcée qui la précède : veuf > veuve.

Si le mot se termine par une voyelle, ou par une consonne non latente et non modifiée, quel recours a-t-on ?

Les e se prononcent plus volontiers dans les poèmes, les chansons, ou dans des prononciations comme celle du français méridional (prononcez une belle fille avec cet accent).

On peut toujours remplacer le mot par un mot de même catégorie se terminant par une consonne latente : on peut remplacer jolie par grande, où l'on repère la présence du féminin par le fait que la consonne d, habituellement latente, est prononcée.

Soit il y a une modification vocalique (le > la ou beau > belle), soit il y a prononciation d'une consonne habituellement latente (petit > petite), soit les deux (beau > belle), soit il y a modification de la consonne finale (veuf > veuve).

S'il n'y a rien de tout cela, on peut aussi essayer de placer la phrase concernée dans un poème ou dans une chanson. On peut essayer de prononcer le mot en adoptant une prononciation comme celle du français méridional, dans laquelle les e muets tendent à être plus systématiquement réalisés.

Ou encore, s'il n'y a aucune manifestation à l'oral de la présence du e du féminin, on peut effectuer le test consistant à remplacer le mot concerné par un mot de même catégorie qui comporte une consonne latente : cette seule fleurcette petite fleur où l'on repère la présence du e à la réalisation du t final de petit, t qui reste latent lorsqu'il n'est pas suivi d'une voyelle.


2. Les marques de nombre

Le second exercice a été quant à lui l'occasion de se rappeler que seul le pluriel est marqué, qu'il est des cas où il n'y a aucune marque, que la marque est s sur beaucoup de catégories de mots mais pas sur tous (notamment pas sur les verbes bien sûr) mon / mes etc.), et que ce s parfois ne va pas seul, surtout à l'oral, mais parfois même à l'écrit : des changements de voyelle, et pour les verbes des ajouts de consonnes notamment, voire des doublements de consonnes à l'écrit.

Il est temps de récapituler tout cela : qu'avez-vous retenu ?

Question

Quels sont les cas où le pluriel n'est pas marqué ?

Il y a des mots qui sont variables en nombre (adjectifs, noms) mais qui, déjà au singulier, se terminent par un s, un z ou par un x : fois, nez, vieux par exemple.

Ce s, ce z, cet x n'ont alors rien à voir avec une marque de pluriel : ils appartiennent à la base, et on les trouve déjà sur l'adjectif ou le nom au singulier.

Lorsque l'adjectif ou le nom se terminent déjà par un s, un z ou un x, on n'ajoute pas de s pour marquer le pluriel : dans ces cas-là le singulier et le pluriel sont identiques.


Question

Sur les adjectifs et les noms, quand faut-il utiliser un x ?

De manière générale, on a souvent un x après les suites de deux consonnes, que ce soit ou non pour marquer le pluriel : les chevaux, mais aussi je veux, tu vaux, un homme heureux, la paix, etc.

Après au et eu, le pluriel se marque par un x presque toujours ; au contraire, après ou, il ne se marque par un x que pour quelques mots.

Après au, le pluriel se marque toujours x sauf dans landaus.

Après eu, le pluriel se marque toujours x sauf dans pneus et bleus (et dans lieus lorsque le mot désigne des poissons).

Après ou en revanche, le pluriel se marque x pour seulement 8 noms : bijoux, choux, cailloux, genoux, hiboux, joujoux, poux et plus récemment ripoux.


Question

Sur les adjectifs, les noms, les déterminants ou les pronoms, quand y a-t-il une modification de la voyelle finale ?

Les modifications de voyelle sont très fréquentes sur les déterminants, surtout à l'oral. Les modifications de voyelle sont réservées à trois cas bien précis pour ce qui concerne les noms et les adjectifs, et elles s'accompagnent généralement de la disparition de la consonne finale.

Pour les déterminants, c'est la suite qui s'écrit -es qui se prononce avec un "è" ouvert.

Pour les noms et les adjectifs, ce sont d'une part les mots en -al ou en -ail qui peuvent avoir un pluriel avec modification vocalique , d'autre part les noms en œ, qui peut se prononcer soit ouvert (comme dans feuille), soit fermé (comme dans feu) : dans les deux cas, on a non seulement modification vocalique, mais en outre disparition de la consonne finale (disparition du l / il pour -al ou en -ail).

Les déterminants se terminant par -es se prononcent avec un "è" ouvert, alors que les voyelles des formes correspondantes au singulier sont différentes : le / mon / ce / ma, etc.

La plupart des adjectifs en -al font leur pluriel en -aux : national > nationaux, etc. Les exceptions à connaître sont banal > banals, bancal > bancals, fatal > fatals, fractal > fractals, naval > navals, natal > natals, tonal > tonals.

La plupart des noms en -al font leur pluriel en -aux : cheval > chevaux, etc. Les exceptions à connaître sont bal > bals, carnaval > carnavals, festival > festivals, chacal > chacals, régal > régals et récital > récitals.

Il n'y a pas d'adjectif en -ail.

La plupart des noms en -ail font leur pluriel en -ails : rail > rails, bétail > bétails, détail > détails, etc. Les exceptions à connaître sont bail > baux, émail > émaux, travail > travaux, corail > coraux, soupirail > soupiraux, ventail > ventaux, vitrail > vitraux. Le mot ail a deux pluriels : aulx et ails.

Trois noms en œ perdent leur consonne finale à l'oral, avec la voyelle qui se ferme : œuf > œufs ; bœuf > bœufs et œil > yeux avec en outre le "il" final qui passe devant, écrit y.


Question

Dans quels cas le pluriel ne se marque-t-il ni par s ni par x ?

Le pluriel se marque par s (ou x) sur les seuls pronoms, déterminants, adjectifs et noms.

Sur les verbes, le pluriel (à la 3ème personne) ne se marque ni par s ni par x mais par -ent ( ou -ont ou -rent).


Question

Dans quels cas a-t-on ajout d'une consonne en fin de base ?

C'est devant voyelle que les bases voient se réaliser une consonne finale, autrement latente.

Les verbes du 1er groupe ne possèdent pas de consonne latente.

Presque tous les autres verbes possèdent une consonne latente : rougi --> rougiss- ; li --> lis- ; écri -->écriv- (avec souvent changement de voyelle sai --> sav, à l'oral au moins : prononcez pren --> prenn-).

On n'a pas de consonne latente pour un verbe comme conclure par exemple (elle conclut / elles concluent).

Avec presque tous les verbes hormis les verbes du 1er groupe et quelques verbes comme conclure, on a ajout d'une consonne en fin de base devant voyelle.

Le pluriel se marquant par un -ent comprenant la voyelle e, on repère le pluriel grâce à cette consonne prononcée : il rougit > ils rougissent ; elle écrit > elles écrivent, etc.

En revanche avec les si nombreux verbes du 1er groupe, on n'a aucun moyen pour repérer à l'oral que le verbe est au pluriel, sauf éventuellement en cas de liaison : prononcez elle chante > elles chantent ; en revanche, dans elles chantent à tue-tête où il est possible (mais non obligatoire) de prononcer le t du -ent.

De même, à l'imparfait, où le -ent suit un -ai-, ou au subjonctif présent où on a un -e aussi au singulier, le pluriel ne s'entend pas, cette fois pour tous les verbes : il savait > ils savaient ; je veux qu'elle vienne > je veux qu'elles viennent.


Voilà, vous avez fait le tour des marques de genre et de nombre que l'on doit utiliser sur les adjectifs, noms, déterminants, pronoms ou verbes. Pour finir de bien comprendre tout ce qu'il faut savoir sur ces marques, lisez attentivement la fiche récapitulative qui suit.