Section 6 : Les notions d'élasticité de la demande et de l'offre

2. Les notions d'élasticité de l'offre

Symétriquement à l’analyse des élasticités de la demande, il est possible d’évaluer des élasticités de l’offre, telles que des élasticités-prix directes, des élasticités-prix croisées ou encore des élasticités par rapport aux prix des facteurs. La mise en œuvre des deux dernières peut se faire de manière identique aux élasticités de la demande par le biais d’élasticités-arc. Elles mesurent alors la sensibilité de l’offre aux variations de prix des biens connexes, ou encore aux variations de prix des facteurs de production. Il est ainsi possible de connaître l’impact sur l’offre d’un produit d’une variation de 1 % du prix de tel ou tel produit connexe, de celui de tel ou tel produit complémentaire ou substituable ou encore de celui de tel ou tel facteur de production.

Nous insisterons ici sur l’élasticité-prix directe de l’offre. L’élasticité-prix directe de l’offre d’un produit mesure la sensibilité de l’offre de ce produit aux variations de son prix. Pour ce faire, elle rapporte la variation relative de la quantité offerte de ce produit à la variation relative du prix de ce même produit, qui lui a donné naissance. On mesure par conséquent :

avec cette fois Q la quantité offerte du produit considéré. Il est possible, comme avec la fonction de demande, de mesurer cette élasticité sur un point de la fonction d’offre ou sur un arc de celle-ci, selon que l’on dispose ou pas de l’expression formelle de la fonction d’offre du produit.

L’élasticité-prix directe de l’offre est considérée comme étant toujours positive, dans la mesure où les changements affectant les prix et les quantités offertes sont de même sens. L’offre est qualifiée d’élastique ou de très sensible au prix lorsque les offreurs réagissent fortement et rapidement à un changement de prix. La valeur de ep est alors supérieure à l’unité. Elle est au contraire qualifiée d’inélastique ou de peu sensible au prix lorsque ep est inférieure à l’unité. Deux cas extrêmes encadrent les situations que nous venons d’évoquer. Le premier est celui d’une élasticité-prix directe de l’offre égale à zéro. Dans ce cas, l’offre du produit considéré est totalement inélastique et donc totalement insensible aux variations de prix. L’offre est alors constante quel que soit le prix du produit et elle est représentée par une droite verticale. L’exemple type est ici celui du marché de la location à usage d’habitation. A court terme et dans une ville donnée, la quantité d’habitations proposées à la location ne varie pas, quel que soit le prix des loyers. A plus long terme cependant, de nouvelles constructions peuvent être envisagées et le nombre d’habitations pourra alors dépendre du prix des loyers. Le second cas extrême est celui d’une offre parfaitement élastique (on a alors une ep tendant vers l'infini). Toute l’offre s’effectue dans ce cas à un prix bien précis et elle devient nulle pour tout autre prix. On peut ici donner l’exemple des produits dont le prix est strictement réglementé, tel que le timbre-poste, dont toute l’offre s’effectue à un prix donné.

De manière générale, il importe de comprendre que la valeur de l’élasticité-prix directe de l’offre, c'est-à-dire la sensibilité de l’offre aux variations de prix, dépend fondamentalement du temps dont disposent les offreurs pour réagir aux évolutions du prix du produit. L’offre est en effet d’autant plus élastique que l’on considère un horizon de long terme. Il est donc important de distinguer l’offre de court terme de celle de long terme. A court terme, les réactions aux variations du prix ne dépendent que de l’existence de stocks disponibles (si le prix augmente) ou d’une capacité de stockage (si le prix baisse). Quoiqu’il en soit, les réactions aux variations de prix ne pourront qu’être mesurées, dans la mesure où les stocks ne peuvent constituer un réservoir très important de production. Sur de nombreux marchés, en particulier de services, l’offre est même parfaitement insensible au prix à court terme, dès lors qu’il est impossible de constituer des stocks ou de puiser dans ces derniers. A plus long terme, la possibilité de réaliser des investissements de capacité fait que l’offre devient beaucoup plus sensible au prix. L’élasticité s’accroît forcément puisque les producteurs ont alors la possibilité d’augmenter ou de réduire la dimension de leurs unités de production. Il est donc important de faire clairement la distinction entre l’offre à court terme et l’offre à long terme lorsque l’on s’intéresse à la sensibilité de cette dernière aux évolutions de prix.

Comme pour la demande, il est bien sûr possible de mesurer la sensibilité de l'offre d'un produit à n'importe quelle variable influençant celle-ci : le prix des facteurs de production, les taxes et subventions reçues par les producteurs, le coût du travail, le prix des produits complémentaires ou substituables au produit considéré, etc.