Section 4 : Surplus du consommateur, surplus du producteur et surplus social

2. Le surplus du consommateur

Le surplus du consommateur mesure l’avantage que les consommateurs retirent de l’existence d’un marché dans lequel toutes les transactions se font à un prix unique, le prix d’équilibre.

Sur le graphique ci-dessus, les demandeurs dépensent p*·Q*, dépense représentée par la surface du rectangle OPEQ. Or, supposons que les producteurs aient la possibilité de discriminer entre les consommateurs, de sorte qu’ils puissent leur faire effectivement payer le prix qu’ils sont réellement disposés à verser pour acquérir les quantités concernées. Dans ce cas, par exemple, la quantité QX serait acquise au prix pX, pour une dépense totale égale à pX·QX. La quantité comprise entre QX et QY serait payée pY et la dépense totale pour QY serait pX·QX + pY·(QY-QX). Enfin, la quantité comprise entre QY et Q* serait payée au prix d’équilibre p* et la dépense totale cumulée des demandeurs s’établirait alors à pX·QX + pY·(QY-QX) + p*·(Q*-QY). Cet exemple illustre clairement le fait que dans cette éventualité, les consommateurs auraient du payer plus qu’ils ne le font réellement pour acquérir la quantité Q*. Dans leur ensemble, les consommateurs auraient dû dépenser p*·Q* plus la surface hachurée sur le graphique. Si l’on pousse le raisonnement à l’éventualité d’une discrimination parfaitement continue entre les consommateurs, alors chaque consommateur verserait le prix qu’il est personnellement disposé à verser pour acquérir le bien. Dans ce cas, la dépense totale de ces derniers pour acquérir une quantité Q* du bien s’élèverait à la surface OAEQ. L’existence d’un marché sur lequel toutes les transactions s’effectuent au prix unique d’équilibre p* leur permet de ne dépenser pour cette quantité que p*·Q*, ce qui correspond à la surface OPEQ. De fait, les consommateurs retirent de l’existence de ce marché un avantage qui peut être mesuré par la surface du triangle PAE : il s’agit du surplus du consommateur. Ce surplus est aisément mesurable si l’on connaît les fonctions d’offre et de demande, car on connaît alors les valeurs de p* et de Q*, ainsi que celle de pA qui correspond au prix maximum que sont prêts à verser les demandeurs. Le surplus du consommateur vaut alors :

SC = 0,5·(pMAX – p*)·Q*

Il est important de bien comprendre que la valeur du surplus du consommateur représente une économie potentielle que ces derniers réalisent par rapport à la situation dans laquelle une discrimination entre les consommateurs serait possible. Il ne s’agit donc en quelque sorte que d’un « gain psychologique ». Les consommateurs dépensent moins que ce qu’ils auraient eu à dépenser en l’absence d’un marché à prix unique ; en aucun cas le surplus du consommateur ne représente une somme versée à ces derniers.