Section 1 : La fonction de demande sur le marché

3. Les déplacements de la fonction de demande

3.3. Les prix des autres biens et services

 demande d’un bien ou d’un service est également susceptible de réagir aux variations de prix d’un autre bien ou service. Les effets de la variation du prix d’un produit sur la fonction de demande d’un autre produit diffèrent selon les relations qu’entretiennent entre eux les produits concernés. Il importe donc de considérer différemment les choses selon que ceux-ci sont substituables, complémentaires ou indépendants.

On dit de deux biens ou services qu’ils sont substituables si la consommation de l’un peut remplacer celle de l’autre aux yeux des consommateurs. En d’autres termes, deux produits sont considérés comme étant substituables s’ils sont susceptibles de satisfaire sensiblement les mêmes besoins des consommateurs. L'utilisation de l'avion ou du train sur un même trajet sont donc des produits substituables, au même titre qu’une VOD (vidéo à la demande) et un ticket de cinéma ou que les pêches et les nectarines. En revanche, deux biens ou services sont qualifiés de complémentaires si la consommation de l’un va de pair avec la consommation de l’autre, c'est-à-dire si la consommation de l’un s’accompagne nécessairement de la consommation de l’autre. L’automobile et l’essence, l’imprimante et ses cartouches ou encore le smartphone et ses applications sont donc des biens complémentaires. Enfin, deux biens sont considérés comme étant indépendants dès lors qu’ils ne sont ni substituables, ni complémentaires.

Lorsque l’on s’intéresse à la demande d’un produit donné ; si l’autre produit dont le prix varie est un produit substituable au précédent, alors une augmentation du prix de ce produit devrait entraîner une augmentation de la quantité demandée du produit que l’on étudie. A contrario, une baisse du prix d’un produit substituable entraînera, toutes choses égales par ailleurs, une baisse de la demande du produit étudié. Par exemple, si l’on s’intéresse à la demande de tickets de cinéma, initialement représentée par la droite D0, alors une baisse du prix des VOD entraînera un déplacement de la fonction de demande de D0 à D2. La quantité demandée de tickets de cinéma diminue alors à prix constant (de Q0 à Q2 pour un prix p*), car les consommateurs ont tendance à substituer à cette dernière une demande de VOD qui, tout en satisfaisant sensiblement le même besoin, sont devenus relativement moins chères que le cinéma. On observerait évidemment l’effet inverse à la suite d’un accroissement du prix des VOD.

Si l’autre produit dont le prix varie est un produit complémentaire du précédent, alors une augmentation du prix de ce produit devrait entraîner une diminution de la quantité demandée du produit que l’on étudie. A l’inverse, la baisse du prix d’un produit complémentaire entraînera, toutes choses égales par ailleurs, une hausse de la demande du produit étudié. Par exemple, si l’on s’intéresse à la demande de cartouches d’imprimante, initialement représentée par la droite D0, alors une baisse du prix des imprimantes entraînera un déplacement de la fonction de demande de D0 à D1. La quantité demandée de cartouches d’imprimante augmente alors à prix constant (de Q0 à Q1 pour un prix p*). La demande d’imprimantes augmentant, du fait de la baisse de leur prix et de la loi de la demande, celle des cartouches s’accroît également dans la mesure où la « consommation » d’imprimantes s’accompagne nécessairement de la consommation de cartouches.

Enfin, on notera que les variations de prix d’un bien indépendant du bien étudié n’ont évidemment aucun impact significatif sur la fonction de demande de ce dernier.

A titre de complément, il peut être utile de signaler que le cas de complémentarité peut se produire de façon indirecte même si les biens sont a priori indépendants. En effet, si le prix d’un bien augmente, le pouvoir d’achat général du consommateur diminue, ce qui réduit alors sa consommation de tous les autres biens. L’importance de cet effet dépend bien sûr du poids dans le budget du consommateur du bien dont le prix augmente. Ainsi, cet impact indirect devrait être imperceptible si c’est par exemple le prix de l’or qui augmente, mais beaucoup plus sensible si c’est le montant des loyers ou le prix de l'énergie qui s’accroît.