Cours de phonétique
2.5. Prosodie
La prosodie concerne trois propriétés qui ne sont utiles à la description des voyelles que pour les langues qui en font un usage distinctif : la durée, l'intensité et la hauteur. Aucune de ces propriétés n'est pertinente en français.
2.5.1. La durée
Une voyelle peut être brève ou longue. Les voyelles longues sont notées au moyen du signe diacritique ":". En finnois, l'opposition de durée est pertinente ; elle permet de distinguer systématiquement des mots de sens différents. Dans cette langue, il y a 8 voyelles, mais la pertinence de la durée met en opposition 8 voyelles brèves [i], [e], [a], [o], [u], [æ], [ø] et 8 voyelles longues [i:], [e:], [a:], [o:], [u:], [æ:], [ø:]. Quelques exemples d'opposition en finnois :
| voyelle brève | voyelle longue | ||||
|---|---|---|---|---|---|
| sata | [sɑtɑ] | "cent" | sataa | [sɑtɑ:] | "il pleut" |
| tuli | [tuli] | "feu" | tuuli | [tu:li] | "vent" |
| sano | [sɑno] | "dis" | sanoo | [sɑno:] | "il/elle dit" |
Consulter le document multimédia « Durée des voyelles et gémination des consonnes en finnois ».
2.5.2. L'intensité
Une voyelle peut être réalisée avec plus ou moins d’énergie. Étant donné que cette force articulatoire affecte toute la syllabe, on distingue ainsi des syllabes accentuées (ou toniques) et des syllabes non accentuées (ou atones). Une syllabe accentuée est notée au moyen du signe " ̍ " placé devant la voyelle. ̍Dans les langues qui font un usage distinctif de l'intensité comme l'italien, l'espagnol ou l'anglais, il est possible d'avoir des mots différents uniquement par la place de l'accent. Quelques exemples :
| anglais : | insult | ['insʌlt] | "insulte" | insult | [in'sʌlt] | "insulter" |
| italien : | principi | ['printʃipi] | "princes" | principi | [prin'tʃipi] | "principes" |
| espagnol : | termino | ['termino] | "terme" | termino | [ter'mino] | "je termine" |
| terminó | [termi'no] | "il/elle a terminé" |
Consulter les documents multimédias « Accent tonique de l’italien ».
2.5.3. La hauteur
Une voyelle peut être grave ou aiguë. Cette variation de hauteur peut être une question de registre ou de modulation. Dans les langues à registres, on distingue deux ou trois hauteurs vocaliques : registre haut, bas et moyen. Un registre haut correspond à un voyelle aiguë et un registre bas correspond à une voyelle grave. Les registres sont notés au moyen d'un signe diacritique suscrit. Exemples en éwé (langue du Togo) :
| éwé : | [mí] | "nous", | [mī] | "avaler", | [mì] | "vous" |
Dans les langues à tons, comme le chinois ou le vietnamien, la variation de hauteur est continue ou modulée : une voyelle peut ainsi avoir un ton montant (de grave à aigu), un ton descendant (d'aigu à grave), un ton plain (égal en hauteur), un ton modulé (montant descendant ou descendant-montant). Les tons sont notés en API au moyen d'un signe diacritique suscrit ou d'un autre jeu de symboles placés à droite de la voyelle. En chinois, les mots simples sont monosyllabiques et chaque syllabe peut être réalisée avec l'un des quatre tons. À chaque combinaison d'un timbre vocalique (une syllabe) et d'un ton correspond un mot de sens différents. Exemples en chinois mandarin :
| plain | montant | descendant montant | descendant | |
|---|---|---|---|---|
| courbe mélodique |
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| exemple | [mā] | [má] | [mǎ] | [mà] |
| "maman" | "chanvre" | "cheval" | "injurier" |
Consulter les documents multimédias « Phonétique du thaï » (les tons) et « Phonétique du vietnamien » (les tons).
