Section 6 : Les notions d'élasticité de la demande et de l'offre
1. Les notions d’élasticité de la demande
1.5. L’élasticité-revenu de la demande
L’élasticité-revenu de la
demande est égale au rapport de la variation relative des quantités demandées
d’un bien à la variation relative
du revenu des consommateurs. Elle mesure la sensibilité de la demande
d’un bien aux évolutions du revenu des consommateurs. Soit Q la quantité
demandée d’un bien et R le revenu des consommateurs ; la mesure de
l’élasticité-revenu (notée er) s’effectue encore de manière
similaire à celle de l’élasticité-prix directe :
La question du calcul de l’élasticité en un point ou sur un arc (un intervalle) de la fonction de demande se pose de nouveau. Pour mesurer er sur un point de la fonction de demande, il nous faudrait connaître une fonction de demande Q = f (p, R,...) liant la quantité demandée du bien au prix de ce bien (p) et – entre autre – au revenu des consommateurs. Une telle fonction est très rarement connue, mais si elle l’était, il faudrait alors la dériver par rapport à R, en considérant toutes les autres variables comme constantes. Parce qu’il n’est généralement pas possible d’établir formellement de telles fonctions, on mesure l’élasticité-revenu de la demande par le biais d’une élasticité-arc de la forme :
A titre d’exemple, considérons le
tableau suivant qui indique les quantités demandées de places de spectacle, d’eau
potable et de produits « premier prix » de supermarché, en fonction
du revenu moyen des ménages :
Nous pouvons sur la base de ces données calculer l’élasticité-revenu de la demande de ces trois produits :
er (spectacles) = (86 / 500) • (2500 / 286) ≈ 1,50
er (eau) = (2 / 500) • (2500 / 202) ≈ 0,05
er (“premier prix”) = (-26 / 500) • (2500 / 174) ≈ - 0,75
Ainsi, une variation de 1 % du revenu
moyen des ménages entraîne une variation de même sens de 1,50 % de la demande
de places de spectacle, une variation de même sens de 0,05 % de la demande d’eau
potable et une variation de sens inverse de 0,75 % de la demande de produits
« premier prix ».
L’interprétation des résultats de l’élasticité-revenu se fait selon la grille de lecture suivante :
- Si er < 0, le bien considéré est un bien dit inférieur. La demande de ce dernier diminue lorsque le revenu des consommateurs augmente, et inversement. Dans l’exemple ci-dessus, les produits « premier prix » peuvent être qualifiés de biens inférieurs. Lorsque les revenus augmentent, les consommateurs substituent à ces produits des produits plus onéreux, supposés de meilleure qualité.
- Si 0 < er ≤ 1, le bien considéré est un bien dit normal, ou encore ordinaire ou de première nécessité. Il s’agit alors d’un bien de consommation courante, dont la demande varie certes dans le même sens que le revenu, mais moins vite que ce dernier. Dans les exemples ci-dessus, on constate que la variation du revenu n’entraîne qu’une faible variation de la consommation d’eau potable. Ce bien est un bien normal au même titre que la plupart des biens se rapportant à l’alimentation, au logement, ou encore à l’habillement des individus. Pour ces biens, un doublement du revenu entraînerait un accroissement de la demande, mais probablement pas un doublement de cette dernière…
- Si epc > 1, le bien considéré est qualifié de bien supérieur, ou encore de bien de confort ou de luxe. On a alors à faire à un bien dont la demande varie plus vite que le revenu. La demande de ces biens s’accroît fortement suite à des augmentations de revenus et diminue fortement en cas de baisse des revenus. Dans les exemples ci-dessus, les places de spectacle apparaissent comme des biens supérieurs, dont la consommation est particulièrement sensible aux évolutions du revenu. Le groupe des biens supérieurs rassemble, dans une certaine mesure, tous les biens non inférieurs qui ne sont pas directement liés au logement, à l’habillement, au transport ou à l’alimentation de base des individus.
On notera pour terminer sur les élasticités de la demande qu'il est évidemment possible de mesurer la sensibilité de la demande d'un produit aux évolutions de n'importe quelle variable influençant celle-ci : la publicité, la conjoncture, le taux de chômage, la démographie des acheteurs, le climat, le rôle des médias, etc.