Section 3 : L'équilibre du marché d'un bien
3. La stabilité de l’équilibre de marché
Si l’équilibre du marché d'un produit existe, peut-on pour autant affirmer qu’il sera atteint spontanément ? D’autre part, s’il est atteint, cet équilibre est il stable, c’est à dire se rétablit-il automatiquement s’il a été troublé pour une quelconque raison ? Ces deux questions essentielles fondent l’analyse de la stabilité de l’équilibre de marché.
Puisque
les équilibres de marché existent et que des échanges s’effectuent bel et bien entre
producteurs et consommateurs à des prix donnés, les
microéconomistes admettent parfois tout simplement qu’il existe un processus
permettant d’atteindre l’équilibre de marché et de s’y tenir. Ce processus est
assimilable à un processus de tâtonnement sur les marchés, mené par un hypothétique
“commissaire-priseur”, qui permettrait de trouver la situation d’équilibre avant
d’échanger. On considère dans ce cas qu’il n’existe pas de transactions
réalisées à un prix différent du prix d’équilibre. Cette approche repose
toutefois sur l’hypothèse que tous les acteurs sur le marché disposent d’une
information parfaite sur les fonctions d’offre et de demande en présence... ce qui n'est évidemment pas le cas.
Une autre façon d’envisager les
choses, plus réaliste et basée sur des hypothèses moins fortes, repose sur l’idée que des
échanges peuvent avoir lieu hors du point d’équilibre, mais que celui-ci sera
finalement retrouvé et maintenu à long terme. Il est alors possible d’envisager
différents types d’ajustement sur le marché qui pourront être convergents ou
divergents.
Le premier type d’ajustement est qualifié d’ajustement par les quantités. Un prix quelconque est fixé pour le produit et on observe alors quelles sont les quantités offertes et demandées à ce prix. En fonction du résultat, les ajustements se font par la fonction d’offre, c'est-à-dire par l’entremise des producteurs qui ajustent le prix à la demande constatée.
Le second type d’ajustement envisageable sur le
marché d’un produit est qualifié d’ajustement par les prix. Cette
fois, c’est une quantité quelconque du produit qui est proposée sur le marché
et on observe alors quel est le prix auquel les demandeurs sont près à acquérir
une telle quantité. En fonction du résultat, les ajustements se font par la
fonction d’offre, c'est-à-dire par l’entremise des producteurs qui ajustent
leur offre au prix constaté.
Il n’est donc pas pleinement assuré, d’un stricte point
de vue théorique, que l’équilibre de marché soit atteint et qu’il soit stable (ce ne sera pas le cas si le processus d'ajustement est divergent). Cela
étant, l’observation des marchés réels montre que les prix et les quantités
échangées ne fluctuent que modérément, ce qui conforte l’idée que les processus
d’ajustement sont convergents. Ainsi, nous considérerons que la stabilité de l’équilibre
de marché existe dans la réalité, même si elle n’est pas théoriquement démontrée
de manière irréfutable.