A vos stylos !

L'exercice qui précède nous a permis de découvrir trois types d'implicites associés aux mots :

  • d'une part l'ensemble des éléments que recouvre nécessairement le mot de par son contenu même et qui forment ce que l'on a appelé un mini-scénario

  • d'autre part divers types de scripts dans lesquels le mot s'intègre de manière privilégiée

  • enfin des formes de lieux communs qui associent le mot à tel concept ou à tel jugement.

Pour bien vous approprier ces trois ressorts de l'implicite, essayez de répondre vous-même aux trois questions suivantes, portant sur l'énoncé C'est cher ! dont il a été question dans le corrigé de l'exercice précédent.

Lisez les questions,

Prenez un stylo, ou simplement réfléchissez un moment pour trouver les différents scripts,

en vous aidant éventuellement des indices.

Une fois que vous avez une idée de la réponse, lisez le corrigé puis comparez.

Si vous peinez à trouver, relisez le corrigé de l'exercice qui précède : tout y est ; il faut juste que vous repreniez ce qui a été expliqué, et que vous l'appliquiez à ce nouveau cas.

Question

Que dit nécessairement le mot cher dans l'énoncé « C'est cher » ?

Indice

Une grimace est-elle chère ?

Indice

Un voyage peut-il être cher ?

Indice

Un bonbon à 10 centimes d'euros est-il cher ?

Indice

Faut-il qu'une chose coûte plus que dix euros pour qu'elle soit chère ?

Indice

Qu'est-ce qui fera dire d'une pomme qu'elle est chère ?

Indice

Qu'est-ce qui fera dire d'un diamant qu'il est cher ?

Solution

Le mot cher dit nécessairement :

a) que l'on a affaire à un objet ou un service (un voyage, une séance chez un médecin, etc.) ;

b) que cet objet ou service fait l'objet de transactions, avec des acheteurs potentiels ou des gens qui en bénéficient, et des vendeurs ou des gens qui le proposent ;

c) que cet objet ou service a un coût ;

d) que ce coût est minimalement élevé ;

e) qu'il est plus élevé que ce à quoi on pourrait s'attendre OU qu'il est élevé par rapport aux sommes que la moyenne des gens dépensent d'ordinaire.

On a donc bien un mini-scénario qui se déploie, avec 5 éléments mobilisés :

  • l'objet ou le service dit cher

  • les bénéficiaires

  • les vendeurs

  • le coût

  • l'étalon de comparaison.

Question

À quels types de situations, ce mot cher fait-il penser ?

Indice

À des gens aisés et bien portants ou à des personnes ayant des revenus moyens ?

Indice

À des objets luxueux ou à des objets ordinaires ?

Indice

À des difficultés financières ou à des achats quotidiens ?

Solution

Tous les objets, même les plus ordinaires, peuvent être chers, si tant est que leur coût est plus élevé que celui auquel on pourrait s'attendre. Et tout le monde peut avoir l'expérience du cher.

Il demeure que l'idée est associée à une notion de richesse pour ce qui concerne les possesseurs potentiels, et de luxe non nécessaire pour les objets concernés. Le mot cher convoque par conséquent un premier script qui est celui de la richesse et du luxe.

D'un autre côté, le cher est toujours trop cher, il fait penser à des objets ou services que l'on n'aura pas pu s'offrir, et donc, du côté de celui qui doit acheter, à un tout autre script qui est celui des difficultés financières. Bien que les achats quotidiens puissent être chers, les dire chers c'est évoquer des difficultés potentielles pour les payer.

Question

Quelle idée reçue la notion de cher véhicule-t-elle ?

Indice

Relisez la fin du corrigé de l'exercice précédent.

Indice

Que pensez-vous de l'enchaînement suivant : "C'est cher, achète !" ?

Solution

La notion est associée à une forme de rejet plutôt qu'à une attirance, alors qu'il est bien entendu possible d'être attiré par les choses chères, d'autant que comme on l'a vu elles peuvent être associées au luxe et à la richesse.

De fait l'enchaînement "C'est cher, achète !" paraîtra étrange, tandis que l'on dira volontiers que tout ce qui est cher, est trop cher (trop cher pour ce que c'est, ou trop cher pour mon porte-monnaie). Dès lors, dire qu'un objet est cher, est une façon de dire implicitement qu'il l'est trop, que non seulement le coût est plus élevé que ce qu'on aurait pu attendre ou que ce que l'on pouvait payer, mais qu'il est TROP élevé.

Ce lien entre le cher et le trop cher relève du lieu commun : il y a des choses chères qui ne sont pas trop chères, mais on va spontanément associer le cher à un prix non pas seulement élevé mais trop élevé.

Voilà, on a revu, avec l'exemple de cher, les trois niveaux d'implicite :

- l'ensemble des éléments que le mot mobilise et que l'on peut expliciter, que l'on a décrit comme un mini-scénario ;

- les scripts généraux dans lesquels il s'intègre de manière privilégiée et qu'il participe donc à développer ;

- les lieux communs qui lui sont associés.

Dans la fiche mémo qui suit, tout cela est brièvement récapitulé.