Fiche : Bien choisir les reprises pronominales
Un seul antécédent
Dans le cas des reprises pronominales, particulièrement des reprises de la forme il(s) / elle(s), les problèmes de compréhension surgissent quand il y a plusieurs éléments de même genre et de même nombre qui peuvent être repris. En effet les pronoms il(s) / elle(s) peuvent reprendre soit l'élément le plus proche du même genre et du même nombre, soit l'élément sujet du même genre ou du même nombre, surtout s'ils renvoient à un humain ou à un être animé. Par exemple dans la phrase suivante :
Eric B., 28 ans, Genevois, avait rendez-vous avec sa victime, Carlo B. Il lui devait une somme de 100F pour une livraison de haschisch. (La Suisse, cité dans Reichler-Béguelin et al., Écrire en français, Delachaux et Niestlé)
Eric B., 28 ans, Genevois, avait rendez-vous avec sa victime, Carlo B. Il lui devait une somme de 100F pour une livraison de haschisch. (La Suisse, cité dans Reichler-Béguelin et al., Écrire en français, Delachaux et Niestlé)
Pour éviter l'ambiguïté on peut utiliser d'autres pronoms de reprise : celui-ci ou ce dernier s'emploient pour reprendre un élément qui les précède immédiatement, à la fin de la phrase précédente. Dans l'exemple suivant ceux-ci reprend le COD les meilleurs :
Les établissements dont les résultats sont les plus faibles tirent les meilleurs vers le bas. Ceux-ci sont d'ailleurs souvent chahutés par les autres élèves, dès la sixième.
Pour reprendre le dernier élément d'une énumération, on emploiera de préférence ce dernier.
Les différentes filières de l'enseignement supérieur français ne sont pas dotées du même prestige ni du même financement. Ce dernier peut en effet passer du simple au double : 7000 euros dépensés par les pouvoirs publics en 2007 pour un étudiant d'université contre 13 700 euros pour un élève de classe préparatoire
Attention :
Bien utiliser « ce dernier »
Ce dernier doit être convenablement employé et renvoyer à un élément situé juste avant lui. Par exemple, il est mal employé dans l'extrait suivant :
L'ampleur de la polémique déclenchée par le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar a laissé libre champ aux critiques et réactions diverses. Hommes de lettres et politiques ont réagi à ce dernier.
Il faudrait écrire :
L'ampleur de la polémique déclenchée par le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar a laissé libre champ aux critiques et réactions diverses. Hommes de lettres et politiques ont réagi à ce discours.
Pour résoudre l'ambiguïté, on a toujours la possibilité de répéter le mot repris, en utilisant une reprise nominale :
Les établissements dont les résultats sont les plus faibles tirent les meilleurs vers le bas. Ces établissements sont souvent situés en banlieue.
Un antécédent identifiable
Une reprise pronominale doit toujours pouvoir être mise en relation avec un antécédent explicitement présent dans le texte. Par exemple dans l'extrait de copie suivant :
Walter nous explique qu'en 1900, « la France était surtout caractérisée par l'existence de plusieurs langues régionales bien vivantes » puis que quelques années plus tard, elle devient « la langue de tous les Français ». (copie, licence)
Elle ne peut pas être mis en relation avec un groupe nominal féminin singulier dans la phrase précédente (où seul apparaît La France).
Un antécédent identifiable
Une reprise pronominale doit toujours pouvoir être mise en relation avec un antécédent explicitement présent dans le texte. Par exemple dans l'extrait de copie suivant :
Walter nous explique qu'en 1900, « la France était surtout caractérisée par l'existence de plusieurs langues régionales bien vivantes » puis que quelques années plus tard, elle devient « la langue de tous les Français ». (copie, licence)
Elle ne peut pas être mis en relation avec un groupe nominal féminin singulier dans la phrase précédente (où seul apparaît La France).
Bien faire le lien avec l'antécédent
Les reprises par un pronom (il, elle, lui, leur, celui-ci...) ou un déterminant possessif (son, sa, ses, leur, leurs) doivent respecter le genre et le nombre de l'élément repris (antécédent). Or on observe fréquemment des problèmes de genre et/ou de nombre entre l'élément repris et le pronom, surtout quand l'élément repris a une valeur générique ou collective. Par exemple :
Je ne saurais dire avec quel beau courage le peuple belge supporte cette situation angoissante. Ils sont terriblement gênés dans leur industrie et dans leur commerce. (G. Duhamel)
Ils qui est masculin pluriel reprend le peuple belge qui est masculin singulier. Comme l'indique l'exemple, ce qui est toléré dans le cas des écrivains ne l'est pas quand il s'agit de copies d'étudiants pour lesquels on pense qu'il s'agit d'une maladresse !
Attention :
Les reprises en « cela »
Il faut éviter dans la mesure du possible de reprendre par cela, qui manque de précision. On ne peut le faire que quand on veut reprendre un contenu large (l'ensemble de la phrase précédente par exemple) difficile à résumer en un seul nom, comme dans l'exemple suivant :
Il est attendu des demandeurs qu'ils fassent eux-mêmes la preuve que leur situation justifie l'obtention d'une allocation. Cela conduit entre autres choses à un renforcement du contrôle des assistés sociaux, très net en particulier depuis le début des années 2000.
cette attente ne conviendrait pas car le nom ne dit pas la même chose que l'expression il est attendu de. On pourrait reprendre aussi par cette exigence.
Les rapports de police semblent attester une attitude hostile des commerçants établis envers les marchands ambulants, mais cela devrait être corroboré par d'autres sources.
Pour résoudre l'ambiguïté, on a toujours la possibilité de répéter le mot repris, en utilisant une reprise nominale :
cette attitude ne conviendrait pas car ce qui est repris, c'est ce que semblent attester les rapports de police. On pourrait reprendre aussi par ce constat ou ces conclusions.
Mais la plupart du temps le pronom cela est mal employé dans les copies des étudiants, car il ne reprend pas l'ensemble de la phrase et devrait être remplacé par un nom précédé de ce ou de le. Quant à la forme ça, elle est caractéristique de l'oral et on ne l'emploie pas dans un écrit universitaire... |
Fondamental :
Les problèmes de rédaction que peuvent occasionner les reprises sont divers. Le principe à l'écrit est d'éviter toute ambiguïté afin de ne pas obliger le lecteur à chercher à quoi renvoie le terme de reprise.