Les caractéristiques de l'îlot textuel
Les caractéristiques de l'îlot textuel
Dans un passage où il est question du discours ou des paroles de quelqu'un sans qu'on utilise pour autant du discours direct, on introduit très fréquemment des segments entre guillemets, appelés alors « îlots textuels ». Cela permet de résumer ou de reformuler tout en conservant des expressions significatives. L'îlot textuel est de taille variable, du mot à la proposition :
- Mis à part Fabien qui dit n'avoir quasiment plus fait de « fautes » du jour au lendemain sans savoir pourquoi, Alexandre, Nicolas, et Dan, en plus du correcteur d'orthographe, s'appuient essentiellement sur leur entourage (copains, proches) pour corriger leurs erreurs.
- M. Fréderic Eleuche a partagé ce constat et insisté sur le fait que l'éducation avait pour but de permettre aux élèves « d'apprendre, de savoir et de savoir critiquer ».
Contrairement au discours direct, les marques de personne, les temps des verbes et les compléments de temps et de lieu du discours cité sont, dans un îlot textuel, adaptés au discours qui cite. S'il est nécessaire de faire des modifications dans le texte, elles sont conventionnellement mises entre crochets droits.
Modifier les personnes
Dans cet extrait :
- Henri IV a convoqué le Parlement de Paris « en [son] cabinet ». (copie étudiant en licence d'histoire)
un étudiant cite dans sa copie d'histoire ce passage du discours d'Henri IV :
- Vous me voyez en mon cabinet, où je viens parler à vous, non point en habit royal, comme mes prédécesseurs, ni avec l'épée et la cape, ni comme un prince qui vient parler aux ambassadeurs étrangers, mais vêtu comme un père de famille, en pourpoint, pour parler franchement à ses enfants. (Discours d'Henri IV devant le Parlement de Paris, le 7 janvier 1599)
Il a dû adapter le segment cité. Ainsi « en mon cabinet » est devenu « en [son] cabinet », « son » renvoyant à Henri IV.
Modifier les temps
Dans l'exemple suivant, l'auteur a dû modifier les temps de l'îlot textuel (en l'occurrence initialement au passé composé et au présent) car la phrase qui le contient est au passé :
- [En 2003], le ministre de l'agriculture a effectué de nombreux déplacements sur l'ensemble du territoire afin de visiter des exploitations agricoles touchées par la sécheresse. M. Portet a souligné combien « cette attention publique [avait été] importante », ajoutant que les agriculteurs s'étaient « probablement sentis soutenus, ce qui [a pu] expliquer qu'on [n'ait] pas assisté à une réelle dégradation de l'état d'esprit général ».
Modifier les modes
Dans l'exemple suivant, l'étudiant à dû transformer le présent de l'indicatif (« je forme ») en infinitif (« former ») ;
- Même si Rousseau n'est pas sans ignorer qu'il écrit après saint Augustin, dont il reprend le titre de son livre, Les Confessions, il prétend « form[er] une entreprise qui n'eut jamais d'exemple ».
Le texte de Rousseau était :
- « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. »
Attention
Il est parfois nécessaire d'ajouter des mots :
- pour que la phrase reste correcte
- En mai 1996, le ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré, déclare à l'Assemblée nationale à propos de « l'ecstasy et [des] soirées rave, [que] des instructions très précises ont été données aux services de police pour que le système répressif se mette en marche, sans complaisance à l'égard de ceux qui organisent de telles soirées, parce qu'il y a danger pour un grand nombre de nos enfants ».
- pour éviter toute ambiguïté
Si, dans l'exemple suivant, à n'était pas ajouté, on pourrait croire que le magazine Elle donne la parole aux femmes qui aiment lire et qui aiment réunir les écrivains et leur public.- Le Grand Prix des lectrices de Elle vise à « donner la parole aux femmes qui aiment lire, [à] réunir les écrivains et leur public », ici, c'est le public qui siège, qui délibère et juge.
Complément
Ponctuer un îlot textuel
Quand l'îlot textuel vient après un verbe suivi de que, les deux-points ou la virgule ne doivent pas être employés. Ainsi dans l'exemple suivant, il n'y a ni virgule ni majuscule après en disant que.
- M. Richet [physiologiste français] a observé qu'on rapportait son mal à un endroit d'autant plus précis que la douleur est plus faible. Si elle devient plus intense, on la rapporte à tout le membre malade. Et il conclut en disant que « la douleur s'irradie d'autant plus qu'elle est plus intense ».