Analysez les enjeux humains et sociétaux

Dans ce chapitre nous allons analyser les enjeux humains et sociétaux.

Analysez les enjeux humains et sociétaux



Consommateur humain et salarié

Les objets connectés ouvrent de nouveaux marchés, concentrent des technologies de pointe et des disciplines nouvelles… mais qu’en est-il de l’être humain ? Qu’est-ce qui va changer au quotidien avec l'arrivée de l'IoT ? Même si nous sommes encore aux débuts de l’IoT, nous pouvons d’ores et déjà identifier plusieurs enjeux.

Commençons par les différents espaces de vie et l'ensemble des objets associés que l’être humain utilise tous les jours : le réfrigérateur dans la cuisine, la télévision dans le salon, le chauffage, etc. Potentiellement, tous ces objets seront modifiés. Grâce à leurs interconnexions, ces objets pourront se mettre à jouréchanger des informations entre eux et — tout simplement — fonctionner correctement plus longtemps. Par exemple, la lumière, le chauffage et tous les appareils s’allumeront ou s’éteindront au fur et à mesure du déplacement de l’être humain dans les pièces de son habitat connecté.

Mais l'être humain agira différemment. Il devra adopter une nouvelle façon d'appréhender ces objets du quotidien. Par exemple, à l'intérieur de son véhicule, l’être humain changera certes son fonctionnement, mais il peut aussi modifier son environnement selon ses préférences. Dans son appartement, il a l'habitude d'avoir une certaine température, certaines odeurs, un certain nombre d'univers médiatiques. Quand il rentre dans son objet roulant connecté, il peut obtenir le même type d’environnement. Cela va modifier d’autres comportements : quand il va prendre un avion pour partir en vacances avec sa famille, il va s'asseoir et vouloir, par exemple, avoir accès au même univers médiatique et au même univers sensoriel que chez lui. Cela existe déjà avec un smartphone. Mais dans un univers IoT, c’est le siège connecté et intelligent à l’intérieur de son avion qui s'adaptera.


L’IoT impactera aussi l’univers professionnel de l’être humain. Pendant des années, le terme d'humain nomade a été en vogue. Le télétravail, les visioconférences et la globalisation du transport aérien ont permis de dissocier le lieu de travail du travail lui-même. C’est une réalité acceptée aujourd’hui pour de nombreux métiers. L’être humain peut continuer à travailler sans que sa présence sur un lieu fixe soit nécessaire. Les questionnements soulevés par l’humain nomade sont similaires à ceux de l’IoT : comment est-ce que l’être humain dans son univers professionnel adaptera ses comportements ? Car il est désormais certain que, dans les années à venir, l’être humain va voir apparaître d'un coup, dans son espace professionnel, des objets interconnectés, intelligents, voire autonomes. Comment est-ce que cet être humain professionnel va devoir changer son mode de fonctionnement professionnel dans un univers IoT ?

Selon une étude de McKinsey, sur la base des technologies disponibles aujourd’hui, 45 % des activités aux États-Unis sont entièrement automatisables. Ce chiffre varie certes grandement selon les types d’activité. Ainsi, 78 % des activités physiques prédictibles, du type travail sur une chaîne de montage, sont remplaçables par des machines.

Dans le cas de l’usine 4.0, l’objectif est de rendre la production de plus en plus autonome. Est-ce à dire que les usines du futur se passeront d’êtres humains ?  Probablement pas. L’être humain va très probablement rester comme dernier recours en cas d’incident ou de dysfonctionnement. Il y a une quinzaine d’années, le Japon lançait les premières usines entièrement automatisées. Au bout de quelques mois de fonctionnement, l'humain a été réintroduit à l'intérieur de ces chaînes de production, parce qu’en cas de dysfonctionnement majeur, l’intelligence artificielle n’était pas suffisamment autonome ou développée pour pouvoir intervenir. Il fallait que l'être humain soit en position de contrôle-commande final. Ce point pourra être résolu avec des systèmes incluant de l’IA, des IoT redondants, afin d’augmenter leurs fiabilité et capacité à se maintenir en état.

L’humain augmenté

Comment est-ce que l'être humain va s'adapter dans ses interactions avec les machines ? Dans le cas d’un robot autonome, la question ne se pose pas trop, car les changements sont minimes. Le robot est distant, il “regarde de loin” ou n’est pas en interconnexion directe avec l’être humain. Cependant, dans le cas de travail avec un cobot, l'être humain et le robot sont en interconnexion permanente. Le robot est “dans l'être humain” et l'humain devient un humain augmenté grâce à l’IoT.

Quelques exemples de cobots :


Le concept Festo Bionic Workplace est une bonne illustration des possibilités du travail avec cobot.

Illustrons maintenant le travail collaboratif entre un ouvrier et un cobot illustré sur une chaîne de montage de Ford.


Le travail collaboratif entre un ouvrier et un cobot illustré sur une chaîne de montage de Ford.

Dans un univers professionnel connecté, l’être humain devra adopter des postures différentes, au sens physiologique. Ainsi, l’usage de lunettes de réalité augmentée ou de réalité virtuelle va se généraliser. Cependant, les premières recherches sur ces lunettes - de type Occulus ou Google Lens - qui proposent de la réalité augmentée ou de la réalité virtuelle, posent un certain nombre de difficultés. En effet, au bout de deux ou trois minutes d’usages, elles sont fatigantes. L’ergonomie et l’interaction avec les utilisateurs seront donc des facteurs importants.

En résumé, dans un univers IoT autonome, l'être humain devrait avoir une place à choisir, à trouver, à identifier. Mais il est clair que celle-ci reste encore à définir.

Humain surveillé/déshumanisation

Nous avons vu l'être humain dans son univers civil, la ville de façon générale. Nous avons vu l'être humain dans son univers professionnel. Qu'en est-il de l'humain dans sa vie personnelle ? Là encore, l’IoT transforme l’être humain en être humain augmenté.

Au fur et à mesure de sa vie de tous les jours, l’être humain pourra être doté d'outils et d'objets qui vont le sécuriser. Cela passe par exemple par le contrôle de stress, du pouls, de la tension artérielle, etc. Il sera également possible de contrôler la nourriture ingérée. Ces objets connectés de santé ont l'air de dire simplement « c'est bon pour ma santé, au sens sportif du terme » ; mais c’est aussi du contrôle. N'oublions pas que toutes ces machines vont pouvoir être en interconnexion avec votre société d'assurance et vous dire : « ah, vous allez avoir un bonus, vous allez payer moins cher votre assurance parce que vous avez fait 10 400 pas ou 10 500 pas ». Et ceux qui en auront fait moins, courent le risque d’une augmentation de leur assurance...

L’augmentation de l’être humain est positif, dans le sens où il augmente les capacités, l’efficacité et le contrôle. Mais ces objets connectés  peuvent avoir un impact sur notre individualisation. En tant qu’être humain connecté, suis-je encore un individu autonome ? Ou bien est-ce que je ne deviens pas un membre d'un réseau de machines beaucoup plus important, dans lequel l'individu disparaît parce qu'il est sous contrôle permanent ? Il suffit de regarder l’impact de nos smartphones sur nos vies personnelles, nos relations, nos communications pour s’en persuader. L’idée n’est pas de rejeter ces évolutions technologiques, mais de penser l’humain avec ces nouvelles fonctionnalités technologiques.

En résumé



Modifié le: dimanche 29 décembre 2019, 09:58