6.3. La persistance de modèles de capitalismes diversifiés dans une économie globalisée

Pourquoi ne sommes-nous pas tous scandinaves ?

A partir des années 1980, les facteurs de convergence entre modèles de capitalismes sont de plus en plus présents et intenses : Diffusion de la « corporate governance », règles mondiales de l’OMC, généralisation de l’évaluation financière, nivellement des coûts et de la fiscalité par la concurrence mondial etc. Pourtant, même si les modèles nationaux de capitalisme évoluent en fonction des changements technologiques, sociaux et économiques, les différences entre les modèles capitalistes nationaux restent étonnamment stables. Comment expliquer ce paradoxe ?

Cette hétérogénéité se comprend mieux lorsque l’on se représente chaque système capitaliste national comme un ensemble d’acteurs individuels et collectifs (organisations) qui interagissent en respectant des règles du jeu données par les institutions, c'est-à-dire les règles qui encadrent leurs interactions économiques. Les « modèles » de capitalisme doivent être vus comme des ensembles spécifiques de relations de complémentarité entre les différentes institutions qui les organisent, ces complémentarités institutionnelles étant à la base de la « cohérence » de chaque modèle. En conséquence, les nations dotées d’un type particulier de coordination dans une sphère de leur économie devraient également tendre à développer des pratiques complémentaires dans d’autres sphères. Un marché du travail très libéral est par exemple complémentaire avec un marché du crédit très dérégulé et accessibles à tous.

En outre, les systèmes institutionnels à la base des différents capitalismes produisent des avantages comparatifs différenciés. Chaque système a alors intérêt à renforcer sa particularité car cela renforce ses avantages comparatifs et ses performances économiques.