6.3. La persistance de modèles de capitalismes diversifiés dans une économie globalisée
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Cours: | Histoire des faits économiques |
Livre: | 6.3. La persistance de modèles de capitalismes diversifiés dans une économie globalisée |
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Date: | dimanche 22 décembre 2024, 07:49 |
Introduction de la section et objectifs
Après des décennies d’opposition entre capitalisme et communisme, le modèle capitaliste semble triomphant et l'association de la démocratie et du marché libéraux semble indépassable, comme l'écrit Francis Fukuyama dans son ouvrage "La fin de l'histoire" en 1993, et une nouvelle série de questions s’est imposée avec la victoire historique du système capitaliste à partir des années 1990 : Y a-t-il plusieurs modèles de capitalismes ? Pourquoi cette diversité de modèles alors que les principes du capitalisme sont communs et que des facteurs massifs de convergence tels que la mondialisation et la financiarisation existent et se sont imposées à tous les pays capitalistes développés ? Les différentes parties de cette leçon présentent les différences persistantes existant entre les systèmes capitalismes des pays riches et les mécanismes économiques, sociaux et politiques qui les expliquent.
A la fin de cette section, vous saurez :
- Définir les modèles de capitalisme par
leurs différentes dimensions : relation Etat-marché, mode de coordination
dominant, perception des inégalités et systèmes de redistribution ;
- Décrire les différentes variations de
capitalisme globalisé à partir des années 1990 et les variations de leurs
performances ;
- Expliquer pourquoi ces capitalismes nationaux ou régionaux restent fortement différenciés en raison de mécanismes variés : dépendance au sentier, complémentarités institutionnelles et hiérarchie institutionnelle.
Qu’est-ce qu’un modèle de capitalisme ?
Presque toutes les économies sont aujourd’hui des capitalismes de marché caractérisées par la propriété privée des moyens de production et par une coordination des activités économiques par le marché. Un certain nombre d’éléments relatifs au type de contrat social liant les individus entre eux et avec l’Etat continuent toutefois à les distinguer. Au cœur du contrat social figurent le rôle de l’état dans la coordination de l’économie, et le niveau juste des inégalités et de la redistribution.
Différents modèles ont pu être identifiés à travers des approches différentes, selon que l’auteur estime tel ou tel critère plus pertinent pour les caractériser. Les principaux critères de classement ayant été utilisés sont le rôle de l’Etat, le mode de gouvernance des entreprises, la nature des relations sociales et le type d’état providence (réglementations sociales, protection sociale et fiscalité). Ces classifications opposent différents types de capitalismes : le capitalisme Anglo-saxon, la capitalisme Rhénan ou continental. On peut rajouter le modèle scandinave si l’on tient compte de la dimension sociale.
Pendant les dernières décennies, les performances différenciées des économies nationales ont promu certaines d’entre elles, en « modèle à suivre ». Dans les années 1970, le débat français fut dominé par le « modèle allemand », vanté tantôt pour sa compétitivité internationale, tantôt pour sa paix sociale ou sa culture de stabilité. Dix ans plus tard, ce fut le modèle japonais qui semblait s’imposer pour sa capacité d’organiser son industrie dans le sens d’une haute performance et d’une stratégie compétitive efficace. Plus tard, le « modèle hollandais » a dominé les médias pour avoir su réduire le chômage par une action concertée et un compromis social fondé sur le temps partiel généralisé. Enfin, la dynamique économique des Etats-Unis pendant les années 1990 a amené un certain nombre d’experts à préconiser le « modèle américain ». Des ouvrages tels que « The world is flat » (Thomas Friedman) ont fait l’apologie de la capacité du capitalisme de marché à se réinventer au fur et à mesure des changements technologiques, y-compris lorsque les temps changent « vite et fort » comme c’est le cas au tournant du 20ème siècle.
L’articulation Etat-marché et les modes de coordination dominants
Les différents types de capitalismes depuis les années 1960
Dès les années 1960, les capitalismes sont comparés selon le rôle de l’Etat et des institutions publiques propres à peser sur les décisions des acteurs privés (Shonfield, 1965). Les pays étaient classés en fonction des structures étatiques : ceux possédant un Etat « fort » avec système de planification et place centrale de l’Etat dans le système financier» [France, Japon] et ceux dotés d’un Etat « faible » [Angleterre].
A partir des années 1970, dans un contexte d’accélération de l’inflation, une seconde approche des types de capitalismes s’affirme, basée sur le concept de « néo-corporatisme », c'est-à-dire, la capacité de l’Etat à négocier des accords durables entre patronats et syndicats concernant les salaires, les conditions de travail, la politique sociale et économique [exemple : J. H. Goldthorpe, « Order and Conflict in Contemporary Capitalism », Oxford University Press, 1984]. Les accords corporatistes sont vus comme des « échanges politiques » entre l’Etat qui fournit des incitations et les syndicats qui disciplinent les salariés et qui sont capables d’internaliser les effets économiques de leurs accords salariaux [Olson, M., « Logique de l’action collective », 1965]. « Les différents pays étaient alors classés en référence principalement à l’organisation de leur mouvement syndical. Dans la littérature, les petites économies ouvertes d’Europe du Nord sont citées comme des modèles de succès.
- Le capitalisme anglo-saxon regroupant les capitalismes américain et britannique est le plus ancien modèle. Il est fondé sur la réussite individuelle, le profit financier à court terme et le rôle prédominant du marché et la concurrence pour coordonner les transactions. Cette concurrence a pu conduire à des concentration industrielles importantes. L’État joue tout de même un rôle important dans le soutien de ses entreprises comme le montrent les interventions protectionnistes récentes, les commandes importantes à certaines industries.
- Le capitalisme Rhénan qui s’inspire de l’Allemagne est plus récent ; il est marqué par une forte protection sociale par l’Etat, une forte intervention de l’État dans les activités économiques et une concentration importante des entreprises. Cette concentration est la conséquence de rapprochements stratégiques et soutenus par l’Etat entre des secteurs d’activité différents et complémentaires (banque et industrie). Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec l’essor de la social-démocratie, le capitalisme allemand se caractérise aussi par l’efficacité de la gestion collective des entreprises, le consensus et le souci du long terme. Le capitalisme rhénan est parfois qualifié de capitalisme négocié.
- Le capitalisme nippon trouve ses origines dans l’intervention vigoureuse de l’État qui, en centralisant les anciens revenus des grandes familles féodales, va développer l’industrie sous l'ère Meiji (à partir de 1868) avant d’en re-confier la responsabilité à ses dernières. Les principes du capitalisme nippon sont semblables à ceux du capitalisme allemand dans la façon dont sont concentrées les entreprises de différents secteurs. L’État joue toujours un rôle important dans la planification des transformations de l’économie, notamment les spécialisations productives via l’intervention du MITI, le ministère de l'industrie chargé de la politique industrielle. Au plan social, les grandes firmes entretiennent avec leurs salariés des rapports privilégiés reposant sur la sécurité de l’emploi et en retour le dévouement à l’entreprise de la part du salarié.
Les économies libérales de marché et les économies de marché coordonnées
Hall et Soskice (2001) insistent sur le rôle des entreprises, des organisations syndicales et des institutions nationales dans la coordination de l’économie. Pour coordonner leurs activités, les entreprises peuvent soit compter principalement sur les marchés, soit s’appuyer sur des modes de coordination hors marché comme les règlementations du marché du travail, système éducatif et formation professionnelle, gouvernance des entreprises etc. L’analyse distingue entre les économies libérales de marché (Etats-Unis et GB) et les économies de marché coordonnées (Allemagne, Suède, Japon, Corée…). Dans les économies de marché libérales, les relations de marché « sont caractérisées par l’échange contractuel de produits ou de services dans un contexte de concurrence et de contrats formels ». Les économies de marché coordonnées, s’appuient, elles, sur la réputation, la contractualisation partielle, les réseaux d’échanges d’informations, les formes de coopération et de concertation hors marché. Le tableau 6.3.1 résume les différences entre les modèles anglo-saxon/de marché et rhénan/coordonné qui ont été présentées dans cette section.
Tableau 6.3.1. Synthèse des caractéristiques des modèles de capitalisme anglo-saxon/de marché et rhénan/coordonné
Dans les années 1990 et 2000, l’intensification de la globalisation économique et financière et l’entrée des investisseurs institutionnels dans le capital des firmes des pays développés ou les réformes importantes de libéralisation du marché du travail (Allemagne puis France) ont conduit à une convergence relative des modèles de gouvernance anglo-saxon et rhénan sur ces différentes dimensions. Toutefois, un certain nombre de différences persistent encore, notamment en ce qui concerne les mécanismes collectifs de coordination par les syndicats ou la négociation collective et en ce qui concerne les modèles de redistribution et de protection sociale.
La forte différentiation des états-providence
La perception des inégalités et les modèles de redistribution qui en résultent sont un élément supplémentaire de différenciation des systèmes capitalistes. C’est certainement dans cette dimension qui implique la fiscalité, la protection sociale et les politiques sociales, et le droit du travail que les différences entre les modèles de capitalisme sont les plus fortes. Le niveau et la composition des dépenses publiques et la structure des dépenses sociales permettent de distinguer nettement les capitalismes anglo-saxons (cut-throat) et les capitalismes européens (cuddly). Le premier est plus favorable à l’idée que les inégalités sociales générées par les marchés sont justes et ont une fonction sociale positive et il présente des niveaux moyens de dépenses publiques moins élevées, notamment au titre de la protection sociale, que le second comme le montrent les tableaux 6.3.1 et 6.3.2 issus de Alesina, Gleaser et Sacerdote (2001). Les chiffres correspondants pour les pays de l’OCDE non-européens sont situés entre ces deux extrêmes.Tableau 6.3.1. Décomposition des dépenses publiques dans les pays riches: 1999 (Source : Alessina, Gleaser and Sacerdote (2001) Why doesn’t the United States have a European-style welfare state ? Brookings Papers on Economic Activity)
Tableau 6.3.2. Décomposition des transferts sociaux dans les pays riches : 1999 (Source : Alessina, Gleaser and Sacerdote (2001) Why doesn’t the United States have a European-style welfare state ? Brookings Papers on Economic Activity)
Gösta Esping Andersen propose en 1991 une typologie qui distingue plusieurs modèles d’état-providence : aux côtés de l’Etat-providence conservateur, centralisé et protecteur, comprenant l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Autriche, l’Etat-providence libéral flexible, dynamique, mais moins généreux qui regroupe les Etats-Unis, la GB, le Canada et l’Australie et l’Etat-providence social-démocrate développé dans les pays scandinaves qui est fondé sur une forte protection sociale, un très fort consensus politique et une fiscalité très élevée.
Ces types d’état-providence complètent bien les typologies de capitalisme et introduisent une variation social-démocrate / scandinave dans l’ensemble européen ou Rhénan / coordonné. Ce capitalisme scandinave ou social-démocrate présente des modalités spécifiques de coordination par la négociation salariale à l’échelle des entreprises et des secteurs qui rendent ce capitalisme à la fois très efficace (innovation et productivité) et très juste (faibles inégalités).
La perception des inégalités et les modèles de redistribution
La perception des inégalités et les modèles de redistribution qui en
résultent sont un élément supplémentaire de différenciation des systèmes
capitalistes. C’est certainement dans cette dimension qui implique la
fiscalité, la protection sociale et les politiques sociales, et le droit
du travail que les différences entre les modèles de capitalisme sont
les plus fortes. Le niveau et la composition des dépenses publiques et
la structure des dépenses sociales permettent de distinguer nettement
les capitalismes anglo-saxons (cut-throat) et les capitalismes européens
(cuddly). Le premier est plus favorable à l’idée que les inégalités
sociales générées par les marchés sont justes et ont une fonction
sociale positive et il présente des niveaux moyens de dépenses publiques
moins élevées, notamment au titre de la protection sociale, que le
second comme le montrent les tableaux 6.3.2 et 6.3.3 issus de Alesina,
Gleaser et Sacerdote (2001). Les chiffres correspondants pour les pays
de l’OCDE non-européens sont situés entre ces deux extrêmes.
Tableau
6.3.2. Décomposition des dépenses publiques dans les pays riches: 1999
(Source : Alessina, Gleaser and Sacerdote (2001) Why doesn’t the United
States have a European-style welfare state ? Brookings Papers on
Economic Activity)
Le capitalisme social démocrate ou l'état-providence
Tableau 6.3.3. Décomposition des transferts sociaux dans les pays riches : 1999 (Source :
Alessina, Gleaser and Sacerdote (2001) Why doesn’t the United States
have a European-style welfare state ? Brookings Papers on Economic
Activity)
Gösta Esping Andersen propose en 1991 une typologie qui distingue plusieurs modèles d’état-providence : aux côtés de l’Etat-providence conservateur, centralisé et protecteur, comprenant l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Autriche, l’Etat-providence libéral flexible, dynamique, mais moins généreux qui regroupe les Etats-Unis, la GB, le Canada et l’Australie et l’Etat-providence social-démocrate développé dans les pays scandinaves qui est fondé sur une forte protection sociale, un très fort consensus politique et une fiscalité très élevée.
Ces types d’état-providence complètent bien les typologies de capitalisme et introduisent une variation social-démocrate / scandinave dans l’ensemble européen ou Rhénan / coordonné. Ce capitalisme scandinave ou social-démocrate présente des modalités spécifiques de coordination par la négociation salariale à l’échelle des entreprises et des secteurs qui rendent ce capitalisme à la fois très efficace (innovation et productivité) et très juste (faibles inégalités).
Pourquoi ne sommes-nous pas tous scandinaves ?
Cette hétérogénéité se comprend mieux lorsque l’on se représente chaque
système capitaliste national comme un ensemble d’acteurs individuels et
collectifs (organisations) qui interagissent en respectant des règles du
jeu données par les institutions, c'est-à-dire les règles qui encadrent
leurs interactions économiques. Les « modèles » de capitalisme doivent
être vus comme des ensembles spécifiques de relations de complémentarité
entre les différentes institutions qui les organisent, ces complémentarités institutionnelles
étant à la base de la « cohérence » de chaque modèle. En conséquence,
les nations dotées d’un type particulier de coordination dans une sphère
de leur économie devraient également tendre à développer des pratiques
complémentaires dans d’autres sphères. Un marché du travail très libéral
est par exemple complémentaire avec un marché du crédit très dérégulé
et accessibles à tous.
L'interdépendance des capitalismes américains et scandinaves
Acemoglu, Robinson et Verdier (2012) poussent plus loin cette logique en
considérant que les deux capitalismes américain et scandinave
constituent deux voies complémentaires et interdépendantes de croissance
soutenue grâce aux échanges internationaux, l’une fondée sur
l’innovation, la flexibilité et les inégalités (cut-throat), l’autre sur
la cohésion sociale (cuddly). Ils soutiennent que ces deux capitalismes
polaires ne peuvent se passer l’un de l’autre et sont en fait
complémentaires dans un monde de plus en plus interdépendant. Les
premiers pays sont spécialisés dans l’innovation radicale car le
différentiel de revenu associé aux innovations gagnantes y est supérieur
à ce qu’il est pour les seconds pays, qui puisqu’ils sont plus éloignés
de la frontière technologique, ont déployé des arrangements plus
redistributifs et gérant le risque et la réussite de façon plus
solidaire. Une convergence des premiers (cut-throat) vers les seconds
(cuddly) ferait disparaître les externalités technologiques, diminuerait
la croissance mondiale et l’écart économique et technologique, et
diminuerait les incitations à adopter des institutions plus protectrices
pour les seconds. le capitalisme mondialisé et financiarisé a donc
besoin de la complémentarité entre les différents modèles.
La
hiérarchie institutionnelle explique également la relative stabilité
des modèles de capitalisme. Chaque modèle peut ainsi être défini par les
arbitrages collectifs entre discipline fiscale, niveau d’inégalités
acceptable et niveau de chômage acceptable et que les institutions
correspondant aux arbitrages supérieurs sont les plus stables, les
autres institutions devant s’adapter à celles-ci. Le choix du système
dépend des préférences collectives, de l’histoire et des choix passés et
du contexte international. Les préférences sociales définissent des
hiérarchies institutionnelles, c’est-à-dire des objectifs prioritaires
pour les groupes sociaux dominants, comme l’illustre bien le trilemne de
Wren et Iversen (1998).
Figure
6.3.1. Le trilemne des hiérarchies institutionnelles dans les
différents modèles de capitalisme (Source: Wren and Iversen, 1998)
Conclusion
· Le capitalisme est un système économique très
plastique qui connaît un grand nombre de variations à l’échelle du globe ;
· Ces variations correspondent à des modèles
différents de capitalisme dont les performances sont également hétérogènes ;
· Malgré les forces de convergence à l’œuvre depuis les années 1980, les capitalismes nationaux ou régionaux restent fortement différenciés en raison de mécanismes variés : dépendance au sentier, complémentarités institutionnelles et hiérarchie institutionnelle.
Attention toutefois, la notion de modèle économique national ne repose pas sur des fondements théoriques clairement identifiables.
- Il est vrai que l’on peut dégager des caractéristiques qui symbolisent des types d’organisation, mais de là à identifier des modèles, il y a un pas qu’il est risqué de franchir, car la stabilité de ces caractéristiques est incertaine.
Références
Acemoglu, D., J. A Robinson and T. Verdier, (2012) “Can’t We All Be More Like Nordics? Asymmetric Growth and Institutions in an Interdependent World”, NBER Working Paper 18441, National Bureau of Economic Research.
Albert, M. (1991) Capitalisme contre capitalisme, Éd. Le Seuil, 315 p.
Alessina, A., E. Gleaser and B. Sacerdote (2001) Why doesn’t the United States have a European-style welfare stae ? Brookings Papers on Economic Activity.
Esping-Andersen, (G.) (1990) Les trois mondes de l’Etat-providence, essai sur le capitalisme moderne, Paris : PUF.
Hall, P. and D. Soskice (2002) Les variétés du capitalisme, « L’année de la régulation » N°6, 2002–2003, Presses de Sciences Po.
Shonfield, A. (1965) Modern Capitalism, Oxford University Press.
Iversen,
T. and A. Wren (1998) Equality, Employment, and
Budgetary Restraint: The Trilemma of the Service Economy, World Politics, 50(4)
Pour aller plus loin
Sur la complémetarité entre les modèles capitalistes dans une économie mondialisée: Acemoğlu, D., J. Robinson, T. Verdier (2012) Choosing your own capitalism in a globalised world?: https://voxeu.org/article/cuddly-or-cut-throat-capitalism-choosing-models-globalised-world