6.3. La persistance de modèles de capitalismes diversifiés dans une économie globalisée

Qu’est-ce qu’un modèle de capitalisme ?

Presque toutes les économies sont aujourd’hui des capitalismes de marché caractérisées par la propriété privée des moyens de production et par une coordination des activités économiques par le marché. Un certain nombre d’éléments relatifs au type de contrat social liant les individus entre eux et avec l’Etat continuent toutefois à les distinguer. Au cœur du contrat social figurent le rôle de l’état dans la coordination de l’économie, et le niveau juste des inégalités et de la redistribution.

Différents modèles ont pu être identifiés à travers des approches différentes, selon que l’auteur estime tel ou tel critère plus pertinent pour les caractériser. Les principaux critères de classement ayant été utilisés sont le rôle de l’Etat, le mode de gouvernance des entreprises, la nature des relations sociales et le type d’état providence (réglementations sociales, protection sociale et fiscalité). Ces classifications opposent différents types de capitalismes : le capitalisme Anglo-saxon, la capitalisme Rhénan ou continental. On peut rajouter le modèle scandinave si l’on tient compte de la dimension sociale.

Pendant les dernières décennies, les performances différenciées des économies nationales ont promu certaines d’entre elles, en « modèle à suivre ». Dans les années 1970, le débat français fut dominé par le « modèle allemand », vanté tantôt pour sa compétitivité internationale, tantôt pour sa paix sociale ou sa culture de stabilité. Dix ans plus tard, ce fut le modèle japonais qui semblait s’imposer pour sa capacité d’organiser son industrie dans le sens d’une haute performance et d’une stratégie compétitive efficace. Plus tard, le « modèle hollandais » a dominé les médias pour avoir su réduire le chômage par une action concertée et un compromis social fondé sur le temps partiel généralisé. Enfin, la dynamique économique des Etats-Unis pendant les années 1990 a amené un certain nombre d’experts à préconiser le « modèle américain ». Des ouvrages tels que « The world is flat » (Thomas Friedman) ont fait l’apologie de la capacité du capitalisme de marché à se réinventer au fur et à mesure des changements technologiques, y-compris lorsque les temps changent « vite et fort » comme c’est le cas au tournant du 20ème siècle.