6.2. La montée d’un capitalisme financiarisé et le retour des crises

Les réformes de libéralisation financière et la montée d’un capitalisme financiarisé 

Des dérégulations au capitalismes financiers

En parallèle, les dérèglementations s’intensifient dans les secteurs financiers dans les années 1980 puis 1990. Les réformes financières consistent à déréguler et décloisonner le secteur de la finance. Il s'agit de diminuer les régulations qui avaient été mises en place progressivement après la grande crise de 1929 afin de limiter les prises de risque des acteurs des marchés financiers. Il s'agit également de favoriser l'intégration financière internationale et de favoriser la concurrence internationale entre les banques afin de faire baisser le prix du capital et de favoriser l'investissement. La concurrence est également sensée améliorer la qualité des investissements et faciliter la diversification des risques pour les différents acteurs de l'économie. Couplées avec les nouvelles technologies de l'information qui accélèrent la vitesse et diminue le coût des transactions financières à l'échelle globale, ces réformes génèrent une finance globalisée dont l'influence sur l'économie réelle va augmenter rapidement et dramatiquement.

Une façon évidente d'illustrer cette influence est de décrire la façon dont les changements de système se répercutent sur un acteur fondamental du capitalisme : la firme. Les évolutions vers le capitalisme financier que nous venons de décrire traduisent un retour en force des propriétaires dans les entreprises. Dans les années 1970-1980, la question du déclin des firmes américaines face aux japonaises et aux européennes conduit à l’accusation des firmes conglomérales gérées par des managers en dépit de toute logique de rentabilité. L'idéologie dominante qui émerge pendant les années 1980 est que l'actionnaire doit redevenir la finalité de l'entreprise. Le manager est replacé dans sa position de mandataire, et en tant que tel est soumis aux incitations, au contrôle et à l’évaluation-sanction des mandants.