4.2 Le New Deal de Roosevelt

Des résultats mitigés, une signification ambiguë

La remontée des prix est réelle dès 1934, l’indice des prix de gros progresse de 15 % par rapport à 1933, la progression la plus forte concerne les prix agricoles. Par contre la hausse des prix à la consommation reste modérée l’indice de 1932 (40,9) n’est retrouvé n’en 1935 (41,1) mais celui de 1931 (45,6) ne sera pas dépassé avant la guerre.

La reprise de l’activité paraît décevante. La production industrielle connaît jusqu’à la guerre une évolution heurtée et médiocre, le niveau de 1929 n’est retrouvé qu’en 1937 avant d’ailleurs de s’effondrer de nouveau en 1938 (baisse d’environ 20 %).

La difficulté majeure paraît résider dans l’incapacité à retrouver un volume d’investissement important faute de confiance à la fois dans le système financier et dans les perspectives d’activité.

Le chômage est certes réduit mais reste à un niveau élevé (plus de 10 millions de chômeurs en 1935 ce qui correspond à un taux supérieur à 20 %).

Le New Deal est appliqué dans un contexte de fortes tensions sociales. L’hostilité des industriels envers l’interventionnisme fédéral est forte. Par ailleurs de nombreuses grèves parfois avec occupation d’usines freinent la reprise de l’activité.

La politique de Roosevelt rencontre aussi l’opposition de la Cour Suprême qui invoque le principe de la libre concurrence, les droits des États ou du congrès pour annuler le NIRA en mai 1935 et l’Agricultural Adjustment Act (AAA) en janvier 1936.

La large victoire électorale de novembre 1936 permet à Roosevelt de surmonter les résistances de la Cour suprême.

Un second AAA instaure un système de garantie des prix en 1938.

Les avancées sociales du NIRA avaient largement été reprises dans les lois de 1935 qui marquent la mise en place d’un second New Deal plus social à défaut d’être encore keynésien.

En juillet 1935, la loi Wagner renforce la liberté syndicale et, en août 1935, la loi sur la sécurité sociale crée les éléments d’un système d’assurance chômage obligatoires dans chaque État (mais certaines catégories de personne en sont exclues (salariés agricoles, domestiques)) et d’un système d’assurance vieillesse pour les personnes de plus de 65 ans. Toujours en 1935 le programme de grands travaux est relancé.

L’expérience du New Deal est ambiguë à bien des égards.

Du point de vue de sa réussite tout d’abord, le bilan globalement positif de Roosevelt doit beaucoup à la date de sa prise de fonction véritablement au creux de la dépression. Mais encore fallait-il parvenir à l’endiguer. Ensuite le lent rétablissement de la production ne peut masquer la persistance d’un chômage très élevé.

Du point de vue de son inspiration keynésienne, s’il est vrai que Roosevelt a eu plusieurs entretiens personnels avec Keynes, la politique économique à l’œuvre reste ambivalente. D’un côté, un interventionnisme global se fait jour dans l’agriculture et l’industrie et des grands travaux contribuent à réemployer des chômeurs en ce sens elle peut être qualifiée de keynésienne. Mais, d’un autre côté, au moins jusqu’en 1938 le principe du caractère stabilisant du déficit budgétaire n’est pas ouvertement accepté par Roosevelt, des mesures de réduction des dépenses publiques ciblent la résorption du déficit fédéral comme en 1933 ou en 37-38. La vision keynésienne d’une stabilisation de l’activité par le budget ne l’emporte vraiment qu’à partir de 1939, les grands travaux sont alors puissamment relayés par des dépenses de réarmement.