3.5. La III° République (1) - Capitalisme industriel et communauté nationale

L’émergence du National-Protectionnisme

Face à la Grande Dépression, et suite à la constitution d’un « esprit national » voulu par la III° République, se développe le nationalisme. L’idéologie du « national-protectionniste » se constitue peu à peu en alternative au socialisme.

Le constat est le même : une condamnation de la concurrence entre travailleurs, comme chez les socialistes utopiques des années 1830-1840. Mais la réponse est différente, notamment chez Maurice Barrès : plutôt qu’opposer bourgeois et prolétaires, le « protectionnisme ouvrier » oppose français et étrangers. La volonté de protéger les travail national contre les travailleurs immigrés amène Barrès à proposer différentes mesures, comme une taxe spéciale sur les travailleurs étrangers, l’expulsion des étrangers sans travail et une préférence nationale systématique à l’embauche.

Les sentiments xénophobes et antisémites montent en puissance dans l’opinion : on voit se multiplier les émeutes anti-étrangers, comme à Aigues-Mortes en 1893, où plusieurs dizaines de travailleurs italiens sont tués. L’affaire Dreyfus est le symptôme de ce courant de pensée xénophobe qui prend de l’importance dans toutes les couches de l’opinion.

Le National-Protectionnisme se développe aussi dans le champ économique : la Dépression se traduit par un retour du protectionnisme. Le Traité de Libre-Echange signé en 1860 avec l’Angleterre est suspendu en 1880. La « loi sur le travail national » de 1893 impose aux travailleurs étrangers une déclaration de résidence à la mairie afin de pouvoir les contrôler. Enfin, en 1892, le « tarif Méline » institue des taxes sur les produits agricoles importés, afin de protéger l’agriculture française. La conséquence est une inflation des produits agricoles, qui met en danger la survie des prolétaires dont les salaires sont les plus faibles, et suscite l’opposition des socialistes.

L’Internationale Socialiste dénonce d’ailleurs les pratiques protectionnistes au Congrès d’Amsterdam en 1904 et affirme ses convictions internationalistes : « Considérant que la politique des classes capitalistes et des gouvernements impérialistes sépare les ouvriers du monde par des murailles de tarifs, et protège les intérêts économiques des propriétaires, des classes riches et des monopolistes en imposant des droits d’entrée sur la nourriture des ouvriers (…), le Congrès déclare que la protection n’est pas favorable au salarié. »