3.4. L'économie dirigée du II° Empire

La politique sociale de Napoléon III : le rapprochement avec les ouvriers à partir de 1860

Pour des raisons d’ordre politique, Napoléon III est désavoué à partir de 1860 par ses soutiens habituels : les catholiques et les industriels. Il va tenter d’obtenir le soutien des classes populaires et leur accordant un certain nombre de leurs revendications. Il cherche aussi à apaiser les tensions de classe.

Trois points peuvent être évoqués :

-        Les ouvriers veulent faire entendre leurs revendications dans le « Manifeste des 60 », autour d’Henri Tolain et de 60 militants ouvriers, qui s’ouvre sur cette phrase : « l’égalité inscrite dans la loi n’est pas dans les mœurs et elle est encore à réaliser dans les faits. » Les « 60 » revendiquent une représentation politique pour les ouvriers (par exemple des députés ouvriers), mais Napoléon III ne la leur accordera pas.

-        Cependant, Napoléon III cherche à se rapprocher des ouvriers et à apaiser les rapports entre classes sociales, et va donner suite à certaines revendications des « 60 ». C’est ainsi qu’il abroge, en 1868, l’art. 1781 du Code Civil qui donne la primauté de la parole du patron sur l’ouvrier. Il n’oublie pas non plus qu’il a été l’auteur, dans les années 1840, d’une brochure sur le « paupérisme » qui a contribué à son accession au pouvoir. Il met en place un système de retraites ouvrières et une caisse pour les accidents de travail. La couverture des risques reste cependant très partielle. Enfin, il autorise les ouvriers à créer des sociétés coopératives ouvrières, qui serviront notamment à financer les grèves

-        Il accorde aussi, à la demande des « 60 », le droit de grève par la loi du 25 mars 1864. Auparavant, les grèves se faisaient de manière illégale, et donnaient lieu à des affrontements très violents, souvent mortels avec la police ou l’armée.

Cependant, il refuse d’autoriser des syndicats, car il craignait leur adhésion à l’Association Internationale des Travailleurs, créée en 1864 à Londres. L’AIT est de plus en plus influencée par les idées révolutionnaires de Karl Marx et de Mikhaïl Bakounine, et Napoléon III ne veut pas favoriser la diffusion de ces idées en France.

La fin du II° Empire sonne avec la défaite de Sedan contre la Prusse le 2 septembre 1870. Napoléon III est fait prisonnier, l’armée française se rend. La III° République, proclamée le 4 septembre par Gambetta du balcon de l’Hôtel de Ville de Paris, mettra cinq ans à se mettre en place.