1.3. Le capitalisme marchand (2) - Les mercantilismes

Colbert (1619-1683) et le capitalisme d’Etat

Une déclinaison originale du mercantilisme est le colbertisme. Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, est mercantiliste : il reste attaché au dogme de l’entrée des métaux précieux sur le territoire national. Mais sa méthode est particulière : d’abord il développe l’industrie domestique, afin de remplacer les biens importés par des biens produits nationalement. Ensuite, une fois l’industrie arrivée à un niveau correct de savoir-faire, il taxe lourdement les importations.

C’est ainsi qu’il va procéder pour la Manufacture royale des glaces de miroir, devenue plus tard la multinationale Saint-Gobain. Venise disposait du monopole européen de fabrication des miroirs à l’époque. Colbert attire des artisans vénitiens en France pour qu’ils transmettent leur savoir-faire aux artisans français. Créée en 1665, la Manufacture parvient à fabriquer des miroirs sans défaut quelques années plus tard, et en 1672 Colbert interdit l’importation du verre en provenance de Venise. Le chef-d’œuvre de la Manufacture est la fameuse Galerie des Glaces à Versailles. Grâce à elle, la France devient en quelques années le leader européen de la fabrication de miroirs.

Le Colbertisme fait écho avec la période contemporaine. Il a inspiré des politiques commerciales plus tardives :

-        D’abord, ce que l’on nomme le « protectionnisme éducateur », qui consiste à protéger, par des droits de douane ou des quotas, une industrie naissante le temps qu’elle arrive à sa maturité technologique.

-        Ensuite, la stratégie de développement « par substitution des importations », adoptée par l’Algérie après l’Indépendance, qui est basée sur la promotion d’une production domestique en vue de remplacer certains biens importés.