1.1. Rome, une "économie-monde"

Une société esclavagiste et « atechnologique »

Rome est une société esclavagiste. Il faut se garder de juger ce trait avec notre mentalité contemporaine : à l’époque, l’esclavage des populations vaincues est pratiqué par tous les peuples de l’Antiquité et apparait comme absolument normal. L’esclavagisme romain a deux traits particuliers :

-        D’abord, les esclaves peuvent occuper de nombreux postes, parfois prestigieux : certains sont les précepteurs des enfants des familles aristocratiques, d’autres gèrent des latifundia… Seuls quelques postes, dans la haute administration ou dans l’armée, sont réservés aux citoyens romains.

-        Ensuite, le travail servile est efficace. Il est strictement organisé, avec une division du travail poussée et des procédures de contrôle du produit. Les rendements agraires sont élevés.

L’Histoire de Rome a compté trois grandes révoltes d’esclaves, en 135, en 104, la dernière étant celle de Spartacus en 70 (les « guerres serviles »). On sait peu de choses sur Spartacus, c’est pourquoi il sera récupéré et deviendra une figure romantique, un symbole de la lutte contre l’oppression (à partir du XVIII° s.). Il s’échappe avec 300 autres gladiateurs, et rallie les esclaves des latifundia de Campanie (région de Naples). Ils se procurent des armes, et battent une armée de 3 000 auxiliaires envoyée contre eux. Ils se nourrissent par le pillage. A un moment, les esclaves se séparent en plusieurs groupes, pour une raison inconnue. Rome va exploiter cette division. Le groupe de Spartacus bat à nouveau les légions envoyées contre lui, et oblige les légionnaires qu’il a fait prisonniers à se battre devant eux, comme des gladiateurs. Il résiste encore quelque temps, pourchassé par les légions de Crassus. Mais il finit par être battu, et meurt les armes à la main en -71. La répression est atroce, se veut exemplaire : 6 000 esclaves sont crucifiés le long de la Via Appia¸ la route qui mène de Capoue à Rome. Le personnage de Spartacus sera récupéré pour son combat pour sa liberté : par les Lumières du XVIII°s., puis par les anti-esclavagistes du XIX°s., enfin par les communistes au XX°s. (les prolétaires sont assimilés aux esclaves – cf. le parti « spartakiste » de Karl Liebnecht et Rosa Luxembourg).

Un dernier point de la civilisation romaine est son caractère « atechnologique ». Si les Romains furent de grands architectes, des ingénieurs hors pair, et poussèrent la science militaire aussi loin qu’il était possible pour l’époque, les innovations technologiques dans la production furent rares. Les historiens expliquent ce point par le discrédit qui touche les activités de production dans la mentalité romaine, mais aussi par le caractère esclavagiste de la société : avec une main-d’œuvre abondante et gratuite, il n’est nul besoin d’inventer des machines pour faciliter le travail manuel.

L’Empire Romain entame son déclin à partir du III° siècle de notre ère. Il s’effondre à la fin du V° siècle sous la poussée des invasions barbares. Commence alors le Moyen-Age.