1.1. Rome, une "économie-monde"

L’économie romaine : production et échanges

C’est à partir du III°s. avant notre ère que se développent les échanges sur longue distance. Ceux-ci se font essentiellement par voie de mer, et ont une dimension méditerranéenne. Le transport maritime est risqué, en raison des naufrages et des pirates qui écument la Méditerranée, mais beaucoup plus économique et beaucoup plus rapide que le transport par terre. Keith Hopkins estime ainsi que le prix d’un chariot de blé transporté par voie terrestre double au-delà de 400 km en raison des coûts de transport.

Les marchandises transportées sont essentiellement alimentaires : du blé, de l’huile, et du vin. Des quantités considérables sont transportées chaque année pour alimenter la ville de Rome, qui atteint 1 million d’habitants dès le début de l’Empire. Il y a aussi des biens de luxe, destinés à l’aristocratie romaine, les membres des grandes familles et les hauts fonctionnaires de l’administration impériale. Des épices, des étoffes précieuses, des objets en or et en argent… Peu à peu, les différentes provinces romaines se spécialisent dans l’extraction ou la production de biens destinés à l’exportation, dans une sorte de version antique de la division internationale du travail : le blé de Sicile et d’Egypte, le vin de Gaule, les métaux d’Espagne... L’Empire Romain est, pour reprendre l’expression de Fernand Braudel, la première « économie-monde » de l’Histoire.

A côté de ce commerce sur longue distance et de l’opulence des classes dominantes, existe aussi, dans les campagnes, une économie naturelle ou de subsistance. Des petits paysans qui arrivent avec peine à l’autosubsistance, avec des conditions de vie parfois très dures : ainsi, 1 enfant sur 3 n’atteint pas sa première année. Un commerce de petite distance se développe, entre les espaces ruraux et la ville la plus proche, où s’échangent des biens de première nécessité (nourriture, habillement, quelques outils rudimentaires).

Cependant, les bénéfices de l’activité commerciale ne se transformeront jamais en capital industriel, pour plusieurs raisons :

-        D’abord, le prestige attaché à la possession de la terre, souvenir des premiers temps de la République et des citoyens-paysans-soldats qui ont fait la gloire de Rome. Ainsi les profits du commerce sont souvent réinvestis dans la terre.

-        Ensuite, le discrédit qui touche le travail de production manufacturière et l’artisanat, considérés comme une occupation dégradante et réservée aux esclaves.

L’Empire Romain a un fonctionnement très centralisé. Tous les centres de décision se trouvent dans la ville de Rome, qui attire à elle toutes les richesses et toutes les marchandises du monde romain. Rome est à cette époque le « comptoir du monde ». Les échanges de Rome avec les Provinces trouvent leur équilibre grâce au développement du commerce. L’impôt qui pèse sur les provinces conquises permet à Rome de disposer des liquidités nécessaires pour payer ses importations. En retour, les provinces sont incitées à développer leur production pour pouvoir payer les impôts.