1.1. Rome, une "économie-monde"

Une économie agraire, qui trouve son expansion dans la conquête

L’économie romaine est une économie essentiellement agraire : les travaux agricoles concentrent 80% de la main-d’œuvre. Il faut posséder de la terre pour avoir le statut de citoyen romain et pouvoir participer à la vie de la cité. La terre permet au citoyen de subvenir à ses besoins, et le temps excédentaire peut être consacré à la guerre.

En effet, l’économie romaine est une économie de conquêtes. Il y a une relation directe entre la croissance économique et l’annexion de nouveaux territoires. Les conquêtes apportent non seulement de nouvelles terres à exploiter, mais aussi tout ce qui représente la richesse antique : des ressources, des métaux et des objets précieux, obtenus par le biais du tribut de guerre, une somme d’argent exigée des vaincus : à l’issue de la II° Guerre Punique en 202, Carthage doit verser 27 000 talents, une somme gigantesque. Le butin peut même comporter des bibliothèques entières, comme celle du roi de Macédoine, transportée à Rome après la conquête du pays en 168 avant notre ère. C’est une économie « de prédation » même si, une fois la conquête achevée, Rome se contente de prélever un impôt annuel (en nature et/ou en argent) sur les territoires conquis.

Les conquêtes constituent aussi un apport important de main-d’œuvre : les prisonniers de guerre sont transformés en esclaves, dont le nombre grandissant finit par représenter 1/3 de la population de l’Italie au début de l’Empire. En effet, Rome est confronté à une importante pénurie de travailleurs : d’un côté, les conquêtes ont fortement agrandi les terres à cultiver. De l’autre, elles ont affaibli la classe des paysans, qui forme l’essentiel du recrutement de l’armée. C’est pourquoi les esclaves sont nécessaires pour exploiter les nouvelles terres.

Parallèlement, la propriété foncière se concentre. L’expansion territoriale favorise le développement du système des latifundia de l’aristocratie sénatoriale : d’immenses propriétés cultivées, qui vivent en quasi-autarcie. Ces domaines fournissent un surplus monétaire qui sera mobilisé plus tard pour développer le commerce à longue distance.