2.5 : Le PIB, un outil sans limite ?

4. PIB et bien-être

Comme nous l’avons déjà expliqué, le PIB est un indicateur de l’activité économique et non de « bien-être ». En soi, cela n’est pas problématique et une information sur l’activité économique peut être pertinente pour elle même. Le problème toutefois est que nous avons tendance à orienter l’ensemble des politiques publiques ou presque en fonction de leur seul impact sur le PIB.

Prenons l’exemple de la crise sanitaire liée au Covid-19 qui justement, fait mesure d’exception. Lors de cette crise, de nombreux Etats ont mis en place des politiques de confinement dont – comme le rappelait avec humour Paul Krugman – le but est justement de faire baisser le PIB. C’est donc que la croissance et la hausse du PIB n’est pas et ne devrait pas être l’Alpha et l’Omega des politiques publiques.

Mais, en dehors de ces circonstances exceptionnelles, nous avons tendance à ne considérer les politiques publiques qu’à l’aune de leurs impacts sur la croissance : celles qui font augmenter le PIB sont de « bonnes politiques » et celles qui le font baisser en sont de « mauvaises ».

Or, une augmentation de l’activité économique ne signifie pas que les populations sont plus heureuses, en meilleure santé, etc. Au contraire, de nos jours, on observe une corrélation forte entre hausse de la pollution et reprise de l’activité économique. Certains critiques – comme l’économiste et anthropologue David Graeber – soulignent que nos modèles économiques produisent de nombreux « bullshit jobs » peu porteurs de sens pour ceux qui les occupent. Par ailleurs, de nombreux économistes (on peut penser à Thomas Piketty) soulignent que la croissance s’accompagne maintenant d’une forte hausse des inégalités. Autrement dit, seule une minorité de personnes profiterait réellement des fruits de la croissance.

Ces éléments (les inégalités, la santé, l’environnement) devraient être pris en compte dans nos politiques économiques ou du moins faire l’objet de choix sociétaux. C’est ce que veulent dire les économistes lorsqu’ils rappellent que le but de l’économie est d’augmenter le « bien-être » des populations et le « développement économique », pas la croissance ! Le PIB peut éventuellement être une composante du bien-être (ou du moins, un outils mesurant une partie du bien-être), mais ce n’en est qu’une petite partie.