L’émergence industrielle (en trompe l’œil) des pays en développement


L’autre fait nouveau de la deuxième mondialisation qui se met en place à partir des années 1980 est que la montée des périphéries dans la DIPP et les chaînes de valeur. Jusque-là, les échanges nord-sud avaient toujours été des échanges inter-industriels, c’est-à-dire de produits différents : comme le montre le graphique 6.4.4, les pays du nord exportaient majoritairement des produits manufacturés vers les pays du sud qui en retour exportaient une majorité de produits primaires aux pays du nord.

Graphique 6.4.4. Part des échanges de produits industriels dans la totalité des échanges nord-nord et sud-nord (Source : Schott (2004) Across-product vs within-product diversification, QJE)

560

A partir des années 1980, les pays en développement réalisent des gains réguliers de parts de marché dans tous les secteurs industriels. Dès les années 2000, les échanges de produits manufacturés représentent plus de 60% des échanges sud-nord contre moins de 20% en 1980 (Graphique 6.4.4). Les taux de pénétration des exportations asiatique et latino-américaine de produits industriels comme la chimie ou les machines augmentent significativement entre 1972 et 2005 comme le montre la progression de la pénétration des exportations de biens manufacturés et des biens d’équipement chinois aux Etats-Unis le tableau 6.4.1.

Tableau 6.4.1. Taux de pénétration (part des produits d’un secteur donné qui sont exportés aux Etats-Unis par au moins un des pays de la région) par produit et par région : 1972-2005 (Source : Schott (2004) Across-product vs within-product diversification, QJE)

taux de pénétration 

La moitié des exportations de biens industriels et de biens intermédiaires est faite par les pays en développement dans les années 2010. De plus, l’intégration régionale crée des flux commerciaux entre les pays en développement : plus de 50% (60% pour Asie) des échanges sud-sud sont en fait des échanges intra-régionaux. Si l’on somme les échanges sud-nord et sud-sud, il en résulte que les pays en développement sont impliqués dans les deux tiers des échanges mondiaux.