6.1. La deuxième mondialisation : Caractéristiques et tendances
Libéralisation commerciale et régionalisation des échanges
L'OMC pour un droit international du commerce
Avec
 l’OMC, une organisation véritable dotée notamment du pouvoir de 
règlement des différends commerciaux entre pays, quels qu’ils soient, se
 substitue aux rapports de force des négociations multilatérales du 
GATT. L’OMC est une organisation internationale qui vise à édifier un 
droit international du commerce dont l’objectif primordial est de rendre
 le libre-échange et la concurrence internationales le plus « équitable »
 possible, notamment pour les pays les plus pauvres. Pour ce faire, 
l’OMC est dotée d’un pouvoir normatif, de la personnalité juridique et 
met en place un Organe de Règlement des Différends (ORD) qui reçoit et 
favorise l’instruction des plaintes déposées à travers la mise en place 
d’une commission d’arbitrage indépendante faute de règlement amiable 
trouvé au bout de 60 jours. L’appel des décisions est également 
possible. L’agenda de l’OMC est d’imposer à ses plus de 200 signataires 
des règles favorisant la progression des échanges, d’étendre le commerce
 international à de nouveaux domaines et de régler les différends 
commerciaux entre nations. Pour autant, jusqu’à aujourd’hui, le 
bilatéralisme commercial ne cède pas tout à fait en raison de la place à
 part occupée par les Etats-Unis et la Chine, et de la multiplication 
des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux. Depuis le cycle de 
Doha, qui commence dans les années 2000, les négociations multilatérales
 sont bloquées notamment du fait de l’incapacité des pays développés à 
accepter l’ouverture complète de leurs marchés aux produits agricoles 
des pays en développement. Une autre limitation est que l’OMC n’a aucun 
pouvoir sur les échanges internes aux grandes firmes multinationales, 
c’est-à-dire les transactions entre maisons mères et filiales ou entre 
filiales, qui concourent pourtant à 1/3 des échanges manufacturés. Il 
est donc impossible à l’OMC d’imposer des règles aux comportements 
opportunistes des firmes qui produisent dans des conditions de dumping 
social ou fiscal pour augmenter leur compétitivité internationale.
La
 seconde tendance ayant favorisé une accélération de la mondialisation 
productive et commerciale pendant les années 1990 est la régionalisation
 des échanges à travers des accords commerciaux régionaux favorisant le 
libre-échange entre des pays voisins. Le graphique 6.1.1 montre que le 
nombre de pays présents dans au moins un accord commercial régional est 
passé de 70 à 170 entre la fin des années 1980 et le début des années 
2000, et que les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu ont 
rattrapé les pays riches dans cette dynamique. Le nombre de partenaires 
commerciaux régionaux a également augmenté de manière significative pour
 chaque pays, reflétant en partie l'adhésion à plusieurs ACR, qui se 
chevauchent souvent comme c’est le cas en Afrique et en Amérique latine.
Graphique
 6.1.1. Nombre de pays membres d’au moins un accord commercial régional 
(Source : Kangni Kpodar, Patrick Imam (2017) The effect of regional 
trade agreements on growth volatility, VoxEU)
 
        
