Résumé de section

    • Cette leçon est une invitation à découvrir l’œuvre de Denis Gheerbrant et à s'interroger sur notre rapport au réel :

      Pourquoi a t-il choisi le Cinéma Documentaire ? Est-ce pour se confronter à l'imaginaire du monde ?

      Qu’est-ce qui se répète d’un film à l’autre : L'expérience de la parole ?

      Comment perçoit -il les évolutions d’une œuvre à l'autre ?

      Quelle est sa manière d'organiser le champ sonore dans ses films (le réalisateur n’ajoute pas de commentaire à ses films, utilise que des sons directs...) ?

      Quels sont les moyens d’expression cinématographique qu'il a choisi pour raconter la « réalité » : Le rapport Filmeur - Filmé

      Quels sont les notions du cinéma qu'il utilise principalement : la voix off, le montage, le plan séquence, le hors champ...

      Comment conçoit-il une écriture documentaire singulière sur chaque film (scénario, tournage et montage)

      DENIS GHEERBRANT:
      « Le cinéaste en situation documentaire agit comme le bricoleur, il a un projet avec une forme et souvent des couleurs dans la tête. Pour moi le projet, en ce sens, n’est pas tant un sujet qu’une question, une question à l’œuvre tout au long du processus d’un film, des repérages au mixage, je pourrais même dire jusque dans son achèvement par le spectateur.
      Ce qui me permet d’articuler le déroulement d’un film, qui vient travailler cette question, c’est une parole dans un corps qui émerge comme dans une première fois d’abord pour celui qui l’énonce. C’est cela que je cherche à provoquer, cette émotion de la pensée qui affleure, là, devant nous. C’est dans cette émotion que je peux construire une ligne d’image, comme on dit une ligne mélodique, souvent des paysages, des fragments de l’espace urbain, comme de haïkus. »

      « La rencontre du cinéma direct, c’est justement quand les scénarios du réel rencontrent nos scénarios imaginaires. L’imaginaire des gens qu’on filme rencontre notre propre imaginaire et ils se construisent un scénario. »

      « Le problème n’est pas d’être discret, ni d’être derrière la porte mais d’être encore plus là. Notre problème, c’est de filmer par rapport à quelqu’un d’autre, le grand absent de cette histoire : le spectateur. Nous sommes en train de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre, qui est signifié par la caméra. »

      « Quand je filme seul, ce qui m’intéresse, c’est de casser le flux du vécu : on est dans une relation, on interrompt la relation, et on entre dans un film. Mon regard ne soutient plus la relation. C’est le fait de filmer qui est la relation. C’est violent, c’est beau et c’est fort, et là on fait un film pour les autres qui n’est jamais l’enregistrement d’une relation. »