Synthèse - Progression

Seule la phrase 2 ne comprend aucune reprise^[1] (hormis le pronom^[2] l' mais qui renvoie à un élément intérieur à la phrase : c'est la zone franche que « certaines réglementations [...] accueillent »). Son sujet notamment comporte un déterminant indéfini^[3] (une zone franche), et non pas défini^[4] ou démonstratif^[5].

Dans les phrases 1, 3 et 4 en revanche on trouve des groupes nominaux^[6] qui sont des reprises de ce premier sujet :

• La première zone recensée dans la phrase 1, qui ne peut s'interpréter sans référence à ce sujet, dans la mesure où il s'agit en l'occurrence d'une zone franche 

• des zones franches dans la phrase 3, avec des qui contracte^[7] la préposition de et le déterminant défini les, qui peut servir à reprendre un thème déjà introduit

• ce concept dans la phrase 4, avec un déterminant démonstratif qui sert à renvoyer à un élément déjà introduit, élément en l'occurrence nécessaire pour déterminer de quel concept exact il s'agit : il s'agit bien du concept de zone franche, et on a là un cas de reprise sans répétition stricte, permettant de se concentrer sur un aspect de l'élément repris, en l'occurrence sa dimension conceptuelle, c'est-à-dire la notion même à laquelle il renvoie.

On déduit de ces premières analyses que le thème général du texte est la notion de zone franche, et que la première phrase est la phrase 2 :

• Une zone franche est un périmètre géographiquement délimité à l'intérieur duquel certaines réglementations du pays qui l'accueille sont réduites, voire, dans certains cas, totalement éliminées.

dans laquelle la partie thématique est le sujet, mais un sujet avec article indéfini participant par conséquent lui aussi de l'information nouvelle : c'est le cas souvent des premières phrases de texte, qui introduisent le thème général comme un élément nouveau.

Les phrases 1,3 et 4 pourraient toutes les trois suivre la phrase 2, pour orienter le texte sur le thème particulier des premières zones (phrase 1), des champs d'action de ces zones (phrase 3), ou du concept (phrase 4).

En revanche, la phrase 4 ne pourrait enchaîner ni sur la phrase 1, ni sur la phrase 3, car ni la première zone recensée, ni le champ d'action des zones franches ne peuvent être tenus pour des concepts.

Il faut donc que la phrase 4 enchaîne sur la phrase initiale 2 :

• Une zone franche est un périmètre géographiquement délimité à l'intérieur duquel certaines réglementations du pays qui l'accueille sont réduites, voire, dans certains cas, totalement éliminées. Ce concept puise ses racines au fin fond de l'histoire économique du monde occidental.

La phrase 1 ne pourrait pas suivre la phrase 3 dans la mesure où son thème particulier, correspondant à la partie thématique la première zone recensée, n'est relié à aucun des éléments de la phrase 3, dont le thème particulier est le champ d'action et dont le propos est l'extension à d'autres formes d'activité : revenir sur la première zone recensée relèverait dès lors du coq à l'âne.

En revanche, ce thème de la première zone recensée est bien la reprise d'un élément de la phrase 4, en l'occurrence la notion de racines qui est un des éléments clés de l'information apportée par cette phrase 4.

Il faut donc que la phrase 1 enchaîne sur la suite 2-4 :

• Une zone franche est un périmètre géographiquement délimité à l'intérieur duquel certaines réglementations du pays qui l'accueille sont réduites, voire, dans certains cas, totalement éliminées. Ce concept puise ses racines au fin fond de l'histoire économique du monde occidental. La première zone recensée vit le jour en Méditerranée orientale près de deux siècles avant le début de notre ère.

La phrase 3 est bien la dernière phrase, quoique la partie thématique apparaissant en sujet - le champ d'action des zones franches - n'ait pas été directement introduit par la phrase 1 qui ne parle que de géographie et d'histoire, à la fois dans sa partie thématique - La première zone recensée - et dans sa partie informative - vit le jour en Méditerranée orientale près de deux siècles avant le début de notre ère.

Il n'y a pas de coq à l'âne, parce que la phrase a une autre partie thématique, un complément circonstanciel non antéposé mais isolé par des virgules : à partir de la fin du XIXe siècle. Que ce complément soit entre virgules indique bien qu'il ne s'agit pas d'une information nouvelle. Or cet autre thème particulier a quant à lui bien été introduit dans la phrase précédente avec un autre complément circonstanciel de temps et une autre date près de deux siècles avant le début de notre ère  : il s'agit de chronologie et on a affaire ici de progression à thèmes dérivés, venant décliner le sous-thème de l'histoire des zones franches, introduit quant à lui dans le propos de la phrase 4, qui mentionnait l'histoire économique du monde occidental.

Si on reconstitue l'ensemble du texte, on constate ainsi que les trois dernières phrases s'inscrivent dans une progression à thèmes dérivés, progression qui vient prendre le relais de la progression linéaire reliant les phrases intermédiaires.

• Une zone franche est un périmètre géographiquement délimité à l'intérieur duquel certaines réglementations du pays qui l'accueille sont réduites, voire, dans certains cas, totalement éliminées. Ce concept puise ses racines au fin fond de l'histoire économique du monde occidental. La première zone recensée vit le jour en Méditerranée orientale près de deux siècles avant le début de notre ère. À l'origine concentré essentiellement sur les activités commerciales, le champ d'action des zones franches s'est, à partir de la fin du XIXe siècle, étendu à plusieurs autres formes d'activité.

À noter que cette dernière phrase comporte en fait deux propositions, dont une donnée en apposition  À l'origine concentré essentiellement sur les activités commerciales, qui mobilise quant à elle un autre thème dérivé du sous-thème de l'histoire des zones franches.

Si on reprend les différents thèmes particuliers parcourus dans le texte, on voit qu'ils s'organisent en différents sous-thèmes :

On a ainsi une structure de progression particulièrement travaillée, avec :

• une double progression à thèmes dérivés : à partir du thème général de zone franche, et à partir du sous-thème historique.

• une progression linéaire du concept à la première zone recensée en passant par les racines de ce concept

L'ordonnancement du sous-thème historique suit comme attendu un ordre chronologique. L'ordonnancement du thème général va du concept, abstrait, à ses réalisations concrètes, comme attendu aussi.