3.1. La Révolution Française : "égalité en liberté" et libéralisme optimiste

La Révolution Française : l’égalité de condition dans le domaine politique

Le Clergé et la Noblesse se considèrent comme une "humanité à part" (Tocqueville), dont la supériorité est transmise de génération en génération. Mais à partir XVIII° siècle, les philosophes des Lumières remettent en cause ces privilèges : Jean-Jacques Rousseau, notamment, soutient que les hommes sont naturellement semblables et égaux à la naissance. C’est une égalité de condition : les hommes sont égaux devant la loi, c’est-à-dire que la loi est la même pour tous. Rabaut de Saint-Etienne l’appelle « égalité en liberté » car pour être égaux, les hommes doivent disposer de la même liberté.

La Révolution Française va appliquer ces idées. Le 4 août 1789, les privilèges des Nobles et du Clergé sont abolis. L’Eglise est expropriée, et ses possessions foncières deviennent biens de l’Etat, sous le nom de « Biens Nationaux ». Ils sont ensuite revendus : pas moins de 10% des terres cultivables changent de main en quelques années, et font de la France, pendant encore deux siècles, un pays de petits propriétaires terriens.

Dans le domaine économique, cette aspiration à l’égalité va se traduire par l’affirmation claire et forte de la liberté économique : liberté d’entreprendre, liberté de travailler, liberté de commercer. Ici aussi, chacun est égal si chacun est libre.

C’est ainsi que seront abolis les monopoles d’Etat, considérés comme une entrave à la liberté d’entreprendre. Dans le domaine du travail, les relations de travail sous l’Ancien Régime étaient encadrées par les corporations. Ce sont des associations basées sur le métier, avec des règles strictes : le Maître transmet son savoir-faire à l’Apprenti, qui lui doit obéissance. Les corporations contrôlent les règles du métier, le niveau des salaires, et accrédite les travailleurs. Le métier était à l’époque « une propriété collective qui offrait à la fois un emploi et un statut à ceux qui en étaient membres » (G. Noiriel).

Le trop grand pouvoir des Corporations sur les relations de travail est considéré comme une entrave à la liberté de travailler. La loi Le Chapelier les supprime en 1791. De façon générale, à la Révolution on pensait qu’il n’y avait pas besoin de corps intermédiaire entre l’individu, garant de son intérêt particulier, et l’Etat, garant de l’intérêt général.