1.4. Le commerce triangulaire et l'économie coloniale

Une économie esclavagiste

A partir du XVI°s., se met en place le commerce triangulaire pour répondre aux énormes besoins de main-d’œuvre des colons installés dans le Nouveau Monde. Les navires partent d’Europe chargés de biens manufacturés, les échangent contre des esclaves en Afrique, puis échangent ces esclaves contre des matières premières coloniales qu'ils ramènent en Europe.

Les colonies d’Amérique sont rentrées dans la phase d’économie de plantation. Les Européens se sont accaparés les terres des Indiens sur lesquelles ils cultivent les produits coloniaux alors à la mode en Europe : le cacao, le sucre, le tabac, ou encore le café.

La traite durera jusqu’au XIX°s. : on estime qu’entre 12 et 20 millions d’Africains furent déportés de force comme esclaves dans les plantations.

C’est dans les Antilles que les sociétés esclavagistes furent les plus extrêmes. A Saint-Domingue, 80% de la population est esclave. L’appropriation est brutale et intensive. Les revenus de l’exploitation foncière sont accaparés par les colons, qui investissent très peu sur place. On estime qu’entre 10 et 15% des revenus des plantations revenaient aux esclaves sous forme de nourriture et d’habillement, 10% étaient consommés par les planteurs eux-mêmes, le reste est rapatrié en métropole. Cette « extraction coloniale » représente jusqu’à 7% du revenu national français en 1760.

La vie sur les plantations est extrêmement dure pour les esclaves, les travaux des champs sont pénibles et les rations de nourriture à peine suffisantes. Les mauvais traitements sont fréquents, même si le colon n’a pas intérêt à dégrader cet outil de travail qu’est l’esclave. C’est ce qui oblige Colbert à rédiger un « Code Noir » en 1685, un ensemble de lois qui régissent les droits et les devoirs respectifs du maître et de l’esclave. La fourniture de vêtement et de nourriture, les peines et les châtiments, diverses interdictions (comme celle de porter des armes) sont inscrites dans la loi.

Le « marronnage », c’est-à-dire la fuite de l’esclave hors de la propriété de son maître, est fréquent. Mais les marrons sont généralement repris. Certains arriveront tout de même à se regrouper et à fonder des communautés, comme Os Palmares, dans le Nord-Est du Brésil, qui résista pendant presque tout le XVII°s. aux armées portugaises.