6.4. Forces et fragilités des nouvelles puissances économiques émergentes dans la deuxième mondialisation
Conditions d’achèvement
Les crises de l’émergence économique ou la fragilité financière des pays en développement
Les crises financières de la fin du XXèmesiècle
Plusieurs régions en développement rapide vont être touchées par des crises financières brutales au cours de la dernière décennie du XXèmesiècle : le Mexique d'abord, puis l'Asie de l'Est et du sud-Est, puis l'Europe de l'Est et l'Amérique latine à nouveau. Ces crises frappent des pays déjà avancés dans la voie du développement, présentant des croissances rapides et soutenues, des marchés financiers récents et dynamiques et une insertion internationale poussée. Les économies africaines qui ne présentaient pas ces caractéristiques alors ne seront pas touchées. La crise asiatique de 1997 est la plus connue des vagues de crises des années 1990 car elle va concerner presque toutes les économies asiatiques, jusqu’à la Corée du Sud et le Japon, du fait de la très forte intégration commerciale de la région et parce que son intensité surprendra l'ensemble des observateurs. Les particularités de ces crises est qu’elles sont (i) difficilement prévisibles car elles sont des crises de confiance et (ii) extrêmement contagieuses dans un monde financier désormais globalisé. Ce sont à la fois des crises de l’émergence économique et des crises de la globalisation financière.
La grande séquence de crise des économies émergentes des années 1990 démarre au Mexique en 1994, là où la croissance retrouvée avait attiré massivement les capitaux internationaux qui y avaient trouvé des rendements élevés et des secteurs, industriels, immobiliers, agricoles en forte croissance. Lorsque la croissance s’essouffle et que les opportunités d’investissements profitables diminuent, la confiance se perd et le reflux rapide et massif des capitaux s’amorce, entrainant avec lui l’effondrement de la monnaie nationale. Toutefois, si les perspectives de profits ne sont plus manifestes en Amérique latine, elles sont criantes en Asie du sud-est où s’orientent, bien évidemment, massivement les capitaux.
Mais là encore et pour des raisons similaires, la crise va éclater. Les mécanismes de la crise Thaïlandaise sont typiques des crises des économies émergentes. Comme au Mexique, cette crise a, tout d'abord, traduit l’usure du modèle de développement à marche forcée, avec des taux de croissance autour de 6%, des surinvestissements massifs, des transferts frénétiques de ressources de l’agriculture vers les secteurs industriels et les zones urbaines. Cette crise a également mis en évidence l’opacité et la fragilité des secteurs bancaire et financier jeunes et mal gérés des économies émergentes et les risques très élevés générés par le fait que les banques empruntent beaucoup à très court terme et prêtent de même. Les investissements sont alors massifs sur des marchés pourtant saturés (automobiles, construction), donc non rentables et de plus en plus risqués, sans que le manque de rentabilité réelle n’apparaisse réellement du fait de l’immaturité du système financier. Quand les moins-values commencent à être enfin prévisibles, les capitaux étrangers fuient les bourses asiatiques, les monnaies se déprécient et le cours des actions s’effondrent. Cet ensemble de symptômes monétaires et financiers sont révélateurs de la fragilité d’une croissance dont ils signent d’ailleurs le coup d’arrêt : des plans d’austérité sévères sont mis en œuvre pour rétablir les équilibres, les dépenses publiques sont drastiquement ralenties, les banques, y compris parmi les principales et apparemment les plus florissantes, font faillite, ne parvenant plus à rembourser leurs propres dettes dont le montant explose sous l’influence de la dévaluation des monnaies et de la défaillance de leurs clientèles. La dépréciation des monnaies ne joue alors qu’un effet positif limité sur le commerce qui est essentiellement intra-zone. La croissance économique chute alors pendant parfois plusieurs années et le chômage explose.