10.3. Rendements d’échelle
Site: | Moodle Université Numérique |
Cours: | Microéconomie 1 : Les décisions du producteur et du consommateur |
Livre: | 10.3. Rendements d’échelle |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | dimanche 24 novembre 2024, 03:08 |
1. De quoi parle-t'on ?
L’étude de la substitution des inputs dans le processus de production a permis de montrer ce qui se passe quand une firme remplace un facteur par un autre en gardant le même niveau de production.
Toutefois, à long terme, quand tous les facteurs sont variables la firme doit également considérer le meilleur moyen d’augmenter la production. Une façon de le faire est de changer l’échelle de la production en augmentant tous les inputs de production dans la même proportion.
On regarde donc à présent l’échelle de production (la taille de la firme), en étudiant comment varie la quantité produite si tous les facteurs de production sont multipliés en même temps par une constante positive (ex : 2, on double tous les inputs ; 3, on triple tous les inputs, etc.).
Les rendements d’échelle expriment le taux auquel l’output augmente lorsque tous les facteurs de production sont multipliés en même temps dans la même proportion. On distingue 3 cas : des rendements d'échelle croissants, constants ou décroissants...
2. Les 3 types de rendements d'échelle
- Rendements d’échelle croissants : si l’output fait plus que doubler quand on multiplie par 2 les inputs, alors on a des rendements d’échelle croissants. Ceci se produit quand une large échelle de production permet aux managers et aux travailleurs de se spécialiser dans leurs tâches et d’utiliser pleinement des usines de grande taille et des équipements plus sophistiqués. Une ligne d’assemblage automobile est un exemple de rendements croissants.
La présence de rendements d’échelle croissants est une question importante dans une optique de politique publique. En effet s’il existe des rendements d’échelle croissants, alors il est économiquement efficace d’avoir une grande firme qui produit (à un coût relativement faible) plutôt que plusieurs petites firmes (à un coût relativement élevé). Dans la mesure où cette grande firme peut contrôler le prix qu’elle fixe, il peut être nécessaire de la réguler. C’est par exemple le cas pour la production d’électricité.
- Rendements d’échelle constants : si l’output double quand on multiplie par 2 les inputs, alors on a des rendements d’échelle constants. En présence de rendements d’échelle constants, l’échelle de la production de la firme n’a pas d’impact sur la productivité des facteurs : puisqu’une usine utilisant un processus de production particulier peut facilement être répliquée, 2 usines produiront 2 fois autant d’output. Par exemple, une grande agence de voyages pourrait fournir le même service par client et utiliser le même ratio de capital (espace de bureau) et de travail (employés de l’agence) qu’une petite agence servant moins de clients.
- Rendements d’échelle décroissants : si l’output fait moins que doubler quand on multiplie par 2 les inputs, alors on est en présence de rendements d’échelle décroissants. Ce cas s’applique à certaines firmes opérant sur de larges échelles de production. Des difficultés dans l’organisation et la gestion de la production à une large échelle peuvent conduire à une baisse de productivité à la fois du capital et du travail. La communication entre les travailleurs et les managers devient difficile à contrôler lorsque le cadre de travail devient plus impersonnel. Ainsi le cas des rendements d’échelle décroissants est plutôt associé à des problèmes de coordination et de maintien d’une forme de communication entre le management et les travailleurs.
3. Lien rendements d'échelle / isoquants
Il est important de remarquer qu’il existe une cohérence entre le type de rendements d’échelle (constants, croissants ou décroissants) et la distance qui sépare les isoquants. C’est ce qu’illustrent les figures 9a et 9b.
Le graphique 9a indique la présence de rendements d’échelle constants : le ratio 5 heures de travail pour 2 heures de machines permet d’obtenir un niveau d’output de 10 unités et quand on double les 2 inputs (ratio 10/4) on double l’output à 20 unités. Le graphique 9b représente une fonction de production caractérisée par des rendements d’échelle croissants : les isoquants sont plus resserrées quand on se déplace vers la droite. Par conséquent, moins du double de la quantité d’inputs est nécessaire pour doubler la production et passer de 10 à 20 unités ; il faut aussi moins du triple de la quantité d’inputs pour passer de 10 à 30 unités. L’inverse aurait été vérifié (des isoquants de plus en plus éloignés l’une de l’autre) si l’on avait eu des rendements d’échelle décroissants.
4. Pour conclure sur les rendements d'échelle
Il faut noter que, pour certains procédés de production, les 3 types de rendements d’échelle peuvent se combiner… (cf. la courbe de coût moyen de longue période en forme de U, séquence n°13).
Les rendements d’échelle varient considérablement selon les firmes et les secteurs industriels. Toutes choses égales par ailleurs, plus les rendements d’échelle sont importants, plus les firmes d’un secteur seront susceptibles d’avoir une grande taille.
Dans la mesure où la production manufacturière requiert des investissements intenses en capital, les activités manufacturières sont plus susceptibles d’avoir des rendements d’échelle croissants que les activités de service. Les services sont plus intenses en travail et plus à même d’être produits efficacement dans des petites quantités plutôt que sur de larges échelles.