Principes des ressources éducatives libres : rôle et définitions
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Cours: | Cours introductif aux REL, droit d'auteur et licences ouvertes, pour décideurs publics |
Livre: | Principes des ressources éducatives libres : rôle et définitions |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | mercredi 27 novembre 2024, 07:42 |
Table des matières
- 1. Objectifs d'apprentissage
- 2. Le rôle fondamental de l’éducation pour le développement
- 3. Les Ressources Éducatives Numériques
- 4. Les Ressources Éducatives Numériques et Libres
- 5. L’utilisation d’une Ressource Éducative Libre
- 6. Vers une définition des REL à partir des usages qui sont souhaités
- 7. Quels éléments prendre en compte pour définir les REL ?
- 8. Vers un consensus sur les permissions associées aux REL
- 9. L’avenir de l’éducation et des REL
- 10. Crédits
1. Objectifs d'apprentissage
Objectifs d'apprentissage
- Définir les contours d’une ressource éducative libre (REL) ;
- Examiner les enjeux liés à l’utilisation de REL pour l’apprentissage à l’ère du numérique.
2. Le rôle fondamental de l’éducation pour le développement
Pour la Banque Mondiale, « L’éducation est un droit fondamental, un puissant vecteur de développement (…) et l’un des meilleurs moyens de faire progresser la paix et la stabilité ».
Le lien est simple et direct entre l’éducation et le développement économique :
Comme, le rappelle la Banque Mondiale, l’éducation est un facteur clef du développement ;
1. L’éducation est un investissement
2. L’éducation est rentable
3. Le marché du travail exige des compétences nouvelles
4. Les pays peuvent être compétitifs, et prospérer
5. Il faut se concentrer sur les résultats
6. Il faut développer les opportunités tout en veillant à l’équité
C’est pour cela qu’une éducation de qualité est devenue un objectif de développement durable majeur de l’agenda 2030 des Nations Unies.
Mais il est important de ne pas être seulement « consommateur » de ressources éducatives, mais également auteur et créateur de ces ressources. Comme l’explique très bien Mona Laroussi, Directrice de l’Institut Francophone pour l’Education et la Formation (IFEF) de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), créer ces ressources, c’est être porteur de valeurs comme l’égalité et l’inclusion.
Pour aller plus loin
- Entretien avec Mona Laroussi, Directrice de l'IFEF,
Projet Ressources éducatives
- L’éducation est un droit fondamental, La Banque Mondiale : https://wikieducator.org/Educators_care/Defining_OER
-
Le rôle crucial de l’éducation dans le développement
économique, La Banque Mondiale Blogs : https://blogs.worldbank.org/fr/voices/le-role-crucial-de-l-education-dans-le-developpement-economique
3. Les Ressources Éducatives Numériques
Aujourd’hui, dans le monde sans frontière que le numérique et Internet façonnent, il est désormais possible de partager simplement et instantanément des ressources éducatives, autrefois limitées dans leur diffusion par le support papier. Là où il fallait des mois, voire des années pour partager la connaissance, c’est désormais possible, en quelques instants, d’un seul clic de souris, comme l’illustre le Pr. Ahmed Almakari de l’Université Ibn Zohr au Maroc dans son introduction au cours.
4. Les Ressources Éducatives Numériques et Libres
Une fois que l’on dispose de ressources éducatives numériques, diffusables techniquement dans le monde entier en un instant, il faut aussi disposer du droit de les utiliser et de les diffuser, il faut donc que ces ressources soient libres. Cette liberté s’inscrit d’ailleurs dans le cadre de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui érige en droit fondamental la possibilité d’accéder librement à la connaissance. C'est ce que rappelle Zeynep Varoglu, spécialiste de programme à l’UNESCO, responsable du suivi de la mise en œuvre de la recommandation sur les REL. De surcroit, comme le souligne l’UNESCO, cette liberté des REL favorise l'innovation.
5. L’utilisation d’une Ressource Éducative Libre
Pour bien comprendre les enjeux liés à la création de REL, il est utile de se mettre dans la situation d’un utilisateur, parcours que résume ainsi la Mission d’Appui du Patrimoine Immatériel de l’Etat en France :
Crédits : adaptée du support APIE : https://www.economie.gouv.fr/apie/propriete-intellectuelle-publications/droit-auteur-droit-image-etapes-essentielles-pour-utiliser-contenu
6. Vers une définition des REL à partir des usages qui sont souhaités
Comme nous venons de le voir, l’usage des REL est porteur de valeurs et répond aux besoins du parcours d’un utilisateur. Il est donc important de bien préciser ce que recouvre l’adjectif « libres ». Précisons en premier lieu que, à la différence des logiciels libres, dont l’usage peut être payant, l’utilisation de REL doit être, de l’avis de tous, gratuite. La différence entre les différentes définitions des REL porte donc sur l’étendue des droits associée au REL au-delà de leur utilisation gratuite.
Parmi ces droits, certains sont plus ou moins importants, selon le contexte dans lequel on se trouve. Ainsi, lorsque l’on n’a pas accès à des ressources pédagogiques, se voir offrir un accès gratuit représente une opportunité formidable. A l’inverse, lorsque l’on développe des solutions originales, à la pointe de l’innovation, comme avec l’intelligence artificielle, il est vital de pouvoir ré-utiliser et enrichir des résultats qui ont été obtenus par ses Collègues dans le monde et de débattre activement avec eux pour aller de l’avant.
C’est tout l’enjeu de la définition des REL, au travers des permissions qui peuvent être accordées par leurs auteurs.
L’UNESCO est l’agence des Nations Unies qui a organisé le consensus de ses états-membres (193 en 2019) pour faire adopter la Recommandation sur les REL, instrument normatif auxquels tous ces pays ont souscrit avec une définition souple parce qu’adaptative au travers de restrictions librement choisies.
Crédits : UNESCO, CC-BY-SA
7. Quels éléments prendre en compte pour définir les REL ?
Les opinions divergent quant aux éléments précis devant entrer dans la définition d’une ressource éducative libre. Lorsqu’il se penche sur la définition des REL, David Wiley, fondateur de l’edtech Lumen Learning et l’un des acteurs de l’éducation ouverte, explique que l’adjectif « libre » peut revêtir un sens différent selon les contextes et que, dans la pratique, les REL sont une construction continue (non binaire).
Définir l’adjectif « libre »
« Une porte peut être grande ouverte, largement ouverte, légèrement ouverte ou complètement fermée. Il en va de même pour vos yeux ou pour une fenêtre, etc. », David Wiley.
Une définition trop précise des REL serait réductrice par rapport à la multiplicité des points de vue sur ce qu’est la liberté d’apprendre et sur les questions fondamentales qu’elle soulève, parmi lesquelles David Wiley mentionne :
- Faut-il publier une REL sous licence ouverte, de type Creative Commons ou bien GNU de documentation libre ?
- La seule gratuité de l’accès suffit-elle à définir une ressource comme libre ?
- Le concept de liberté inclut-il le droit de gagner sa vie grâce aux REL ?
- Les restrictions relatives à la réutilisation sont-elles compatibles avec le concept de REL ?
- Faut-il intégrer des spécifications techniques, comme l’utilisation d’un format non-propriétaire ?
Il serait, en outre, paradoxal, d’invoquer la liberté pour les REL, et dans le même temps, d’imposer de façon autoritaire, une définition rigide pour les REL, applicable uniformément à des contextes pourtant riches de leur diversité.
8. Vers un consensus sur les permissions associées aux REL
Lorsque l’on compare les différentes propositions de définition des REL (OCDE, Stephen Downes, association Creative Commons), on distingue un certain nombre de permissions qui sont associées aux REL auxquelles elles s’appliquent, que nos collègues anglo-saxons appellent, selon le cas, les 4R ou les 5R, la 5ème permission ayant été ajoutée par David Wiley. (Wiley a d’abord décrit 4R en 2007, puis a énoncé le 5ème R en 2014 avec l’ajout du droit Retenir en réponse au problème de la perte d’accès à certaines ressources au fil du temps.)
Ces permissions contribuent, individuellement ou en combinaison, à caractériser les ressources « libres ». Elles rendent compte de la diversité des définitions qui sont proposées, comme elles différencient entre elles les licences d’usage, comme nous le verrons en abordant le cadre juridique et les conditions d’exercice du droit d’auteur et du copyright.
Ces permissions spécifiques peuvent s’inscrire dans un cadre plus large, qui étend la notion de liberté au-delà de la liberté d’accès gratuit à la liberté d’agir. Dans cette perspective, la définition de limites ou restrictions aux permissions peut être perçue comme une atteinte à cette liberté d’agir. Ainsi, le fait de restreindre le droit de gagner sa vie grâce aux REL peut être considéré comme une limitation matérielle du droit et de la liberté fondamentale de redistribuer les REL. C’est pourquoi un acteur comme OER Foundation ne préconise pas le recours à des restrictions non-commerciales, comme c’est pourtant le cas pour beaucoup de projets relatifs aux REL.
Pour aller plus loin
OER Foundation (CC-BY 4.0) https://wikieducator.org/Educators_care/Defining_OER
9. L’avenir de l’éducation et des REL
Nous vivons dans un monde toujours plus complexe et toujours plus interdépendant. Le développement explosif de l’usage des REL ouvre l’éducation à toujours plus d’apprenants. Dans le même temps, de nouveaux défis apparaissent avec, par exemple, des ressources éducatives nées de la puissance d’algorithmes plus que de la créativité d’auteurs.
Il faut aussi être conscient que les REL vont co-exister avec des ressources éducatives qui ne sont pas libres, au sens de l’une ou de plusieurs permissions du cadre des 4R/5R. C’est déjà le cas pour les logiciels, où l’on voit la richesse de cette coexistence, avec le logiciel libre JITSI développé dans un laboratoire de l’Université de Strasbourg en France, pays qui est aussi le berceau du logiciel propriétaire leader mondial de la conception et fabrication d’avions assistée par ordinateur CATIA, de Dassault Systèmes.
L’avenir est donc à la co-existence entre ces deux mondes qui s’interpénètrent parfois, avec des logiciels libres qui peuvent ne pas être gratuits tandis que les ressources éducatives libres, de l’avis du plus grand nombre, sont gratuites. C’est un enjeu stratégique pour les gouvernants que d’assurer, ici dans le champ de la propriété intellectuelle, le succès simultané de politiques publiques distinctes, par exemple de soutien à l’éducation ouverte et gratuite s’appuyant sur les REL, d’une part, et de soutien aux entreprises de haute technologie, d’autre part.
10. Crédits
Concept de REL, L’Université Numérique, (https://luniversitenumerique.fr/), Cette œuvre est mise à disposition dans le respect de la législation protégeant le droit d'auteur, selon les termes du contrat de licence Creative Commons Attribution – Partage dans les mêmes conditions - 4.0 International (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.fr ).