Section 4 : L'entreprise en concurrence pure et parfaite en longue période

Site: Moodle Université Numérique
Course: Microéconomie 2
Book: Section 4 : L'entreprise en concurrence pure et parfaite en longue période
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Date: Saturday, 18 May 2024, 1:12 PM

1. L’entrée de nouvelles entreprises sur le marché

Dès lors que nous nous plaçons en longue période, nous devons en principe considérer que chaque entreprise peut modifier ses technologies et ses équipements, si bien qu’il faut considérer les courbes de coût marginal et de coût moyen de longue période qui, nous le savons, sont les “courbes-enveloppes” des courbes de courte période. Les propriétés et formes de ces courbes de longue période ne sont toutefois pas différentes de celles des courbes de court-terme.

Il importe aussi de considérer, si on raisonne au niveau du marché global, l’existence d’une autre éventualité liée à l’hypothèse de libre entrée et sortie du marché (fluidité) : le nombre d’entreprises présentes sur le marché peut varier à long terme. Il est clair que si des profits positifs (“surprofits”) sont possibles sur un marché, de nouvelles entreprises sont incitées à entrer sur celui-ci. Graphiquement :

L’entrée de nouvelles entreprises, attirées par l’existence de surprofits, sur le marché d’un produit (augmentation de la « taille de l’industrie ») entraîne un déplacement de la fonction d’offre « vers la droite », par exemple de O1 à O2 sur le graphique ci-dessus. Pour un prix constant, la quantité offerte sera désormais plus grande. A fonction de demande inchangée, on assistera alors à une baisse tendancielle du prix du produit (de p1 à p2 et ainsi de suite), en raison de l’entrée sur le marché de nouvelles entreprises et de l’accroissement de l’offre qui en découle. Les quantités échangées seront incidemment de plus en plus grandes (de Q1 à Q2 et ainsi de suite).

Cette entrée de nouvelles entreprises qui provoque une baisse des prix recouvre en fait une situation complexe. Les entreprises non efficientes disparaissent ou adoptent la technologie la plus efficiente alors que les nouvelles ne peuvent entrer sur le marché que sur la base des technologies efficientes. Quoiqu’il en soit, se pose une question essentielle : quand ce processus d’entrée sur le marché de nouvelles entreprises se stabilise-t-il ?

2. L’équilibre de longue période : l’annulation du profit

L’équilibre de longue période qui s’établira sur un marché en concurrence pure et parfaite peut être décrit par le graphique ci-dessous :

Concrètement, en longue période, des entreprises vont entrer sur le marché tant qu’elles auront l’opportunité de réaliser des surprofits sur celui-ci. La fonction d’offre globale va donc se déplacer « vers la droite » (de O1 vers OLT sur le graphique) durant tout ce processus et les prix baisseront incidemment jusqu’à que l’on atteigne le prix-seuil de rentabilité des entreprises présentes sur le marché, correspondant au minimum du coût moyen de long terme de celles-ci. Dans cette situation, chaque entreprise présente produira QLT et la quantité globale échangée sur le marché, au prix d’équilibre p* = pSR, sera QMLT.

Il est important de comprendre que la taille du marché (le nombre d’entreprises présentes sur celui-ci) restera alors constante, dans la mesure où il n’y aura plus d’intérêt à entrer sur ce dernier. Au contraire, à partir de ce point, l’entrée d’une entreprise supplémentaire provoquerait une baisse du prix en dessous du seuil de rentabilité et donc l’apparition de pertes pour l’ensemble des entreprises du marché. Dans une telle situation, les moins « solides » d’entre elles, les moins à même de supporter ces pertes dans le temps, quitteront le marché. Ceci provoquera un déplacement « vers la gauche » de l’offre globale et un retour à la situation d’équilibre au prix-seuil de rentabilité. De la même façon, la sortie d’une entreprise du marché (pour cause de faillite par exemple), à partir de la situation d’équilibre de long terme, entrainera un déplacement « vers la gauche » de l’offre globale. Le prix s’élèvera alors au-dessus du prix-seuil de rentabilité, ce qui fera réapparaître des surprofits que de nouvelles entreprises ne manqueront pas de venir revendiquer, ramenant alors l’équilibre vers sa position de long terme au prix-seuil de rentabilité.

Ainsi, en longue période et en concurrence pure et parfaite, le profit est toujours nul et le prix d’équilibre égal au prix-seuil de rentabilité. Rappelons cependant qu’un profit nul constitue une situation tout à fait acceptable pour les entreprises présentes sur le marché à long terme ; il n’implique pas que la rémunération du capital ne soit pas assurée.

Une seule question demeure : combien d’entreprises seront présentes sur un tel marché « stabilisé » de long terme ? On le mesure à partir de deux éléments simultanément liés au fait que le prix d’équilibre de long terme soit nécessairement le prix-seuil de rentabilité :

(i) on mesure la quantité échangée au total sur la marché (QMLT) à partir de la fonction de demande au prix-seuil de rentabilité ;

(ii) on mesure la quantité produite à long terme par chaque entreprise présente sur le marché (QLT) à partir des fonctions de coût de celles-ci (minimum du coût moyen de longue période ou point d’intersection entre le coût moyen et le coût marginal de longue période) ;

(iii) on en déduit enfin le nombre d’entreprises présentes à l’équilibre de long terme du marché (nLT) par .