Section 3 : L'entreprise en concurrence pure et parfaite en courte période

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Cours: Microéconomie 2
Livre: Section 3 : L'entreprise en concurrence pure et parfaite en courte période
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Date: dimanche 5 mai 2024, 05:28

1. La quantité maximisant le profit

La règle de maximisation du profit nous indique que le profit sera maximum pour une quantité Q* telle que : Rm(Q*) = Cm(Q*) ; en concurrence pure et parfaite, cette condition devient :

 p* = Cm (Q*)

car quelle que soit la quantité retenue, la recette marginale sera égale au prix d’équilibre du marché p*. Cela signifie que pour maximiser son profit, l’entreprise en situation de concurrence pure et parfaite devra vendre une quantité Q* telle que son coût marginal soit égal au prix imposé à toutes les entreprises par le marché. Voici comment s’établit graphiquement une telle situation :

 

Sur le graphique ci-dessus on représente, pour une entreprise quelconque présente sur le marché d’un produit donné, ses fonctions de recette moyenne et marginale « contraintes » par le prix d’équilibre déterminé globalement sur le marché, ainsi que ses fonctions de coût moyen et de coût marginal qui expriment ses possibilités productives liées à sa fonction de production selon les quantités produites. Pour maximiser son profit, une telle entreprise en concurrence pure et parfaite devra donc choisir de produire une quantité Q*, correspondant au point E du graphique pour lequel s’applique la règle de maximisation du profit : Cm(Q*) = p*. On mesure alors à partir du graphique :

Pour un prix p* déterminé par le marché, toute autre quantité produite que Q* génèrerait un profit plus faible que P (Q*). Remarquons que la différence p* - CM (Q*) qui correspond au segment [EB] sur le graphique constitue le profit moyen (ou profit unitaire) qui est le profit généré par la vente d’une unité de produit. On peut par conséquent aussi mesurer P (Q*) par :

 


2. Seuils de rentabilité et de fermeture

Pour une entreprise quelconque évoluant sur un marché de concurrence pure et parfaite, deux niveaux de prix très spécifiques constituent une information essentielle qu’elle doit nécessairement connaître : le prix-seuil de rentabilité et le prix-seuil de fermeture.


2.1. Le prix - seuil de rentabilité

Le prix-seuil de rentabilité correspond au prix de marché pour lequel le profit de l’entreprise est nul.

Sur le graphique ci-dessus, on voit que si le prix de marché s’établit par exemple à p*, alors l’entreprise applique la règle de maximisation du profit (Cm(Q) = prix de marché) et choisit au point E de produire Q*. Elle obtient alors un profit positif maximum étant donné le prix fixé sur le marché. Si ce prix de marché vient à baisser au point d’atteindre la valeur pSR (le prix-seuil de rentabilité), alors la règle de maximisation incite l’entreprise à produire au point R une quantité QSR. A ce prix, on voit bien sur le graphique que ce profit « maximum » est alors nul, puisqu’en produisant QSR l’entreprise a un coût de production d’une unité égal au prix de vente de celle-ci (CM(QSR) = pSR). Ce prix de marché pour lequel le profit est nul s’établit comme on le voit au minimum du coût moyen et correspond donc incidemment au point d’intersection entre les fonctions de coût moyen et de coût marginal (CM(QSR) = Cm(QSR) = pSR) puisque ce point d’intersection se situe obligatoirement au minimum du coût moyen.

On notera que pour n’importe quel prix de marché supérieur au prix-seuil de rentabilité les profits de l’entreprise seront positifs et que pour n’importe quel prix de marché inférieur au prix-seuil de rentabilité les profits de l’entreprise seront négatifs. Au prix-seuil de rentabilité, le profit de l’entreprise sera nul. On notera également qu’il est possible que toutes les entreprises présentes sur un même marché n’aient pas le même seuil de rentabilité si elles n’utilisent pas toutes la même technologie. Dans un tel cas, une entreprise est plus performante qu’une autre si sa technologie lui permet d’avoir une courbe de coût moyen plus basse (pour une même quantité produite, son coût est moindre). Dans ce cas, l’entreprise la plus performante a un seuil de rentabilité moins élevé que les autres ; elle peut demeurer profitable alors que les autres font déjà des pertes en cas de baisse du prix d’équilibre du marché. Si l’on considère a contrario que toutes les entreprises usent de la même technologie et sont donc identiques en tous points, ce qui est une simplification fréquente liée à l’hypothèse de mobilité des facteurs de production, alors elles atteignent toutes en même temps leur seuil de rentabilité lorsque le prix diminue.

Il importe enfin de ne pas confondre les notions de seuil de rentabilité et de « point mort ». Alors que le « point mort » est, pour un prix de marché donné, la quantité à partir de laquelle l’entreprise commence à avoir un profit positif, le seuil de rentabilité est le prix de marché à partir duquel l’entreprise commence à faire des profits.

2.2. Le prix - seuil de fermeture

En courte période, l’entreprise peut avoir intérêt à produire même si son profit est négatif, c’est-à-dire si le prix de marché descend en dessous du prix-seuil de rentabilité. En effet, si elle ne produit rien au cours d’une période, elle perd de toute manière ses coûts fixes (par exemple ses loyers, ses primes d’assurance, ses frais d’amortissement du capital, etc.) qui ne dépendent pas de la quantité produite et sont dus même si rien n’est produit par l’entreprise. Dès lors que la perte qu’elle subit est inférieure à ces coûts fixes, c’est à dire si les ventes de l’entreprise couvrent au moins ses coûts variables, l’entreprise a intérêt à rester ouverte (à produire), car elle perdra ses coûts fixes si elle décide de ne pas le faire.

Dans le graphique ci-dessus, on voit que si le prix déterminé par le marché est inférieur au seuil de rentabilité, mais reste supérieur au coût variable moyen, l’entreprise restera ouverte. En effet, elle couvre encore ses coûts variables moyens dans une telle situation et elle subira donc des pertes inférieures à celles qu’elle subirait en fermant ses portes (pertes alors égales au montant des coûts fixes). Cependant, si le prix de marché descend en dessous du minimum du coût variable moyen, alors l’entreprise devra fermer ses portes. Elle subirait en effet à un tel prix des pertes encore plus grandes que celle de ses coûts fixes si elle continuait à produire. L’arrêt de la production permet alors de limiter les pertes au montant des coûts fixes. Le prix-seuil de fermeture correspond donc au prix de marché pour lequel le coût variable moyen est égal au coût marginal. Ce point se situe inévitablement au minimum du coût variable moyen. Si le prix de marché s’établit à pSF sur le graphique ci-dessus, alors la règle de maximisation du profit incite l’entreprise à choisir de produire QSF* afin de « maximiser » son profit. Elle réalise alors une perte « minimale » correspondant exactement au montant de ses coûts fixes.

On notera évidemment que le fait de continuer à produire « à perte minimale » lorsque le prix de marché se situe entre le prix-seuil de rentabilité et le prix-seuil de fermeture n’est viable pour l’entreprise qu’à court terme. Si le prix de marché s’établit durablement en dessous du prix-seuil de rentabilité, l’entreprise n’aura d’autre choix que de cesser son activité.

On peut résumer les méthodes de mesure et l’information apportée à l’entreprise par les seuils de rentabilité et de fermeture grâce à la figure ci-dessous :

 



2.3. Explications vidéo


3. Fonctions d’offre et équilibre du marché

Les fonctions d’offre des entreprises

La règle de décision des entreprises en situation de concurrence pure et parfaite p* = Cm (Q*) fait que l’on peut considérer que la fonction d’offre de l’entreprise (quantités offertes pour un prix donné) correspond à sa courbe de coût marginal dans sa partie supérieure au coût variable moyen (c’est à dire au-dessus du seuil de fermeture sans quoi l’entreprise ferme ses portes et ne produit plus rien). Graphiquement, elle s’identifie comme suit :

Fonction d’offre globale et équilibre du marché

La fonction d’offre globale sur le marché est la somme de toutes les offres individuelles des différentes entreprises. Dans le cas où l’on suppose que toutes les entreprises sont strictement semblables (elles utilisent toutes la même technologie), il est possible d’écrire directement la fonction d’offre globale sur le marché.

Pour une entreprise, la fonction d’offre (dans sa forme inverse) s’écrit :

 p = f(Q) = Cm(Q)

S’il existe n entreprises identiques sur le marché considéré, alors la quantité globale offerte sur le marché (notée QM) vaudra :

 et la fonction d’offre globale sur le marché s’écrit :

 Confrontée à la fonction de demande globale émanant des consommateurs, cette fonction d’offre établit l’équilibre de marché et donc le prix et les quantités échangées sur celui-ci.