Section 4 : Le monopole sous influence : les autres politiques de prix

2. La maximisation du chiffre d'affaires

En maximisant son profit un monopole s’assure, nous l’avons vu, une position de marché très profitable. Paradoxalement, le niveau très important de la rente de monopole est susceptible d’attirer la convoitise de nouveaux entrants, notamment lorsqu’il n’existe pas de barrière formelle à l’entrée. C’est typiquement la situation à laquelle fait face un innovateur ne disposant pas de protections juridiques de son innovation, sous la forme de brevets ou de droits de propriété intellectuelle.

Dans une telle situation (voir aller plus loin), un monopole va rechercher le moyen d’assurer la pérennité de sa position dominante, quitte à renoncer à une partie de ses profits de court terme, en décourageant l’entrée de nouveaux concurrents.

Une stratégie de prévention de l’entrée consiste à « occuper » au maximum le marché, pour éviter de laisser un espace aux concurrents potentiels. Le monopole va dans ce cas chercher à maximiser non pas son profit, mais le chiffre d’affaires réalisé, c’est-à-dire le montant en valeur de ses ventes sur le marché.

La maximisation de la recette totale du monopole s’effectue pour une quantité annulant sa recette marginale :

La quantité QCA assurant cet objectif est définie par l’intersection de la courbe de recette marginale avec l’axe des abscisses, au point E de la figure 6.

Comme l’indique la figure 6, cette stratégie implique nécessairement une production plus élevée, un prix plus faible et un profit plus faible que la maximisation du profit. On constate toutefois que le monopole réalise dans cette configuration des profits positifs tout en réduisant la probabilité d’une entrée durable d’un concurrent.

Cette stratégie a donc deux avantages : elle peut procurer des surprofits durables tout en garantissant une occupation plus large du marché  et un surplus plus élevé aux consommateurs. Sa principale limite est toutefois que l’obtention de profits positifs n’est pas garantie : dans certaines situations de coûts, notamment en présence d’économies d’échelle (cas des monopoles naturels) cette stratégie peut engendrer des pertes.

Figure 6. Le monopole maximisant son chiffre d’affaires