5.4. Les "trente glorieuses": Une régulation socio-économique du capitalisme inédite 

Le nouveau mode de régulation "Fordiste"

Les trente glorieuses sont une période de transformation profonde du contrat social qui associe les citoyens entre eux et à l’Etat. Pendant les Trente glorieuses, les relations sociales ne sont plus dictées par la confrontation de l’offre et de la demande sur le marché du travail comme c’était le cas jusque-là. Le mode de régulation "Fordiste" (appelé aussi compromis Fordiste car il est le produit d’une négociation historique entre l’état, les syndicats de salariés et ceux d’employeurs) autorise des rapports sociaux plus équilibrés qui garantissent simultanément des gains salariaux proportionnels aux gains de productivité et une extension constante de la demande grâce à la croissance régulière du marché alimentée par la progression régulière du pouvoir d’achat des ménages.

Le mode de régulation Fordiste se distingue du mode de régulation concurrentiel qui a dominé le 19ème siècle et la première partie du 20ème siècle. Pour rappel, la stabilité du capitalisme libéral de 1850 à 1913 était due à la forte cohérence interne des différents mécanismes complémentaires. Le développement du capitalisme industriel naissant nécessitait une forte accumulation de capitaux qui fut obtenue grâce au niveau élevé des profits : l’armée de réserve industrielle issue de la campagne à la recherche de travail et l’absence d’organisation collective des salariés donnaient tout pouvoir à l’entrepreneur. Les fluctuations de l’activité industrielle se traduisaient non sur les profits mais sur le niveau de l’emploi et sur le niveau des salaires. Le droit et la législation ne prenaient en compte que le propriétaire du capital.

Le nouveau mode de régulation économique Fordiste présente des caractéristiques différentes et inédites dans l’histoire des pays industrialisés :

1.     Du côté de la production, des gains de productivité systématiquement élevés sont réalisés à travers l’organisation Tayloriste du travail, l’intensification capitalistique de la production et la standardisation de la production ;

2.     L’intensification du travail est rendue socialement acceptable grâce au compromis Fordiste par lequel les gains de productivité qu’elle génère se traduisent par une augmentation régulière des salaires ;

3.     L’accumulation est soutenue, c’est à dire qu’elle ne débouche pas sur des crises de surproduction grâce à la cohérence entre la production de masse et la consommation de masse