Leçon 9 : Enjeux du marketing et tendances de consommation à l’ère du numérique
1. Introduction
1.3. Pour aller plus loin : Humanité et numérique selon Michel Serres
La révolution numérique génère une nouvelle pratique du marketing en s’appuyant sur une communauté transdisciplinaire allant de l’informatique, la gestion des données (« big data ») aux humanités numériques (philosophes, anthropologues, géographes, sociologues, juristes, etc.). Pourtant, si le numérique ouvre les portes de la démocratisation des connaissances dans la société, deux dangers majeurs en émergent :
- La déconstruction du savoir :la révolution numérique a engendré un déplacement des frontières entre les territoires des « sachants », favorisant la fabrication de thèses conspirationnistes.
- La désintermédiation des institutions :la désintermédiation des institutions établies (par exemple, les banques, les universités, la médecine ou encore les associations de consommateurs) affaiblit leur capacité à accomplir leur mission respective au service du Bien-être des citoyens.
Pour aller plus loin
“Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer.
Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions: le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, tout aussi décisive, s'accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives.
Ce sont des périodes de crises. De l'essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise «Petite Poucette» - clin d'œil à la maestria avec laquelle les messages fusent de ses pouces. Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître… Débute une nouvelle ère qui verra la victoire de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d'une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique…
Ce livre propose à Petite Poucette une collaboration entre générations pour mettre en œuvre cette utopie, seule réalité possible.” (éditions Le Pommier, 2012). Extrait : “Michel Serres : J’ai voulu décrire, à travers le personnage de Petite Poucette, un changement de civilisation. Elle n’est pas seulement l’héroïne des nouvelles technologies, elle est aussi celle qui n’a jamais vu veau, vache, cochon, couvées. Habitante d’un monde plein de 7 milliards d’habitants, elle a doublé son espérance de vie par rapport à ses grands-parents, ne fait l’expérience de la guerre qu’à l’extérieur, n’a plus le même rapport au corps, à la naissance, à la mort, etc. Les nouvelles technologies ne bouleversent pas seulement l’état du savoir, elles bouleversent le sujet du savoir. Ce dernier a changé avec l’invention de l’écriture, comme le relevait déjà Socrate. Il a changé avec l’invention de l’imprimerie. C’est ce qui faisait dire à Montaigne : « Je préfère une tête bien faite qu’une tête bien pleine. » Même changement au moment du passage au numérique : des études prouvent que l’on n’utilise pas les mêmes neurones en lisant un livre et devant un écran.“
Philosophie Magazine Michel Serres, Bernard Stiegler. Moteurs de recherche, propos recueillis par Martin Legros publié le 22 août 2012
Humain et révolution numérique - Michel Serres à l'USI.
Remarque
Selon Bernard Stiegler (2016), le numérique conduit à une déconstruction des savoirs qu’il qualifie de “barbarie” : « Nous n’arrivons plus à élaborer des savoirs. Une technologie est un pharmakon : ce terme grec désigne ce qui est à la fois poison et remède. Le pharmakon technologique est porteur de promesses, mais il commence toujours par provoquer mille problèmes, parce qu’il commence par détruire les cadres constitués ».
“La disruption rend fou” - Ars Industrialis , consulter ce document
Exemple
Regards croisés Michel Serres et Bernard Stiegler Dialogue Michel Serres et Bernard Stiegler (complet)
Les (r)évolutions à l’ère du numérique ont des conséquences en marketing sur deux axes majeurs :
- L’essor du marketing digital, avec de nouveaux concepts et des pratiques marketing nouvelles pour les acteurs des marchés (partie 2),
- L’émergence de nouvelles tendances de consommation, avec des attentes à redéfinir et des comportements nouveaux à comprendre (partie 3).